L’Union africaine annonce le déploiement imminent d’un premier bataillon de la Force neutre. Ces troupes auront pour rôle de s’interposer à la frontière entre le Congo et ses voisins, le Rwanda et l’Ouganda. Elles combattront également les groupes armés-dont le M23- qui sévissent à l’est de la RD Congo.
Un bataillon tanzanien sera déployé « incessamment » dans l’Est de la République démocratique du Congo. Ces militaires viennent dans le cadre de la future force neutre, censée combattre les groupes armés qui pullulent dans la région. L’annonce a été faite par Ramtane Lamamra, commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine.
« La situation d’insécurité dans l’Est de la RDC nous préoccupe tous. Le bataillon tanzanien, dont les officiers arrivent incessamment à Goma, devrait commencer son travail très bientôt », a déclaré à la presse Ramtane Lamamra, qui s’exprimait depuis Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.
Calme précaire
Cette visite du fonctionnaire de l’Union africaine intervient dans un contexte tendu bien que les armes se sont tues temporairement sur le front. Une amorce de dialogue entre le M23 et le gouvernement a eu lieu fin décembre à Kampala. Alors que les rebelles exigeaient la signature d’un cessez-le feu, le gouvernement s’y refusait. La reprise des pourparlers est prévue pour début 2013. Ces nouvelles discussions devraient se faire dans un cadre plus large incluant « toutes les forces vives de la Nation » selon les voeux du président Kabila.
La rébellion du M23 avait lancé en mai une offensive dans cette province aux immenses richesses minières. Le 20 novembre, les rebelles ont pris Goma et s’en sont retirés 11 jours plus tard sur demande des Etats de la région des Grands Lacs et contre la promesse qu’un dialogue serait ouvert avec Kinshasa. Depuis, les discussions sont restées au point mort, chacun des protagonistes restant campé sur ses positions.
Vers la concrétisation de la force neutre?
La force neutre – un concept laborieusement développé par les pays des Grands Lacs – doit combattre des groupes armés, dont le M23, et être déployée à la frontière entre la RDC et le Rwanda. Des experts de l’ONU accusent en effet le Rwanda et l’Ouganda, voisins de la RDC, de soutenir les rebelles. Les deux pays nient catégoriquement leur implication dans la crise au Congo.
Le déploiement de ces troupes est présenté par la Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL) comme une panacée pour résoudre le conflit à l’est du Congo. Pourtant, cette solution a été dénoncée par des ONG et la société civile qui estiment que ce rôle de force d’interposition peut être assuré par la Monusco.
Restaurer la paix aux Kivu
Au cours de sa rencontre avec le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, Ramtane Lamamra dit avoir notamment évoqué une réunion prévue le 8 janvier à Addis Abeba, siège de l’UA, afin de « trouver la formule la plus créative » pour une « restauration immédiate de la paix » dans l’Est de la RDC.
Au cours de cette réunion, « une dernière mouture de la Force internationale neutre doit être élaborée », a déclaré Julien Paluku. « L’idée est de s’inspirer des forces déployées au Soudan, en Somalie ou en Centrafrique », a souligné le gouverneur.
Ramtane Lamamra est arrivé mercredi en RDC où il a aussi rencontré le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda. Puis, vendredi et samedi au Rwanda, il discutera avec de hauts responsables des efforts entrepris pour « promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité » dans la région des Grands Lacs, d’après un communiqué de l’UA.