Cher Roger Lumbala,
Je ne commence pas par une formule de politesse. Tu ne mérites ni mon respect ni mon estime. Je brûle d’envie de te cracher tout mon dégout et mon mépris. Désolé, l’effet de surprise auquel tu t’attendais, en acceptant de rendre publique ton adhésion à la rébellion du 23 mars (M23), n’a pas eu lieu. Tu as déclaré à Jeune Afrique que tu n’as pas adhéré au mouvement rebelle mais tu te contentais de le soutenir. Je plains ceux qui t’ont cru.
Bon, disons que tu t’es associé au M23. Visiblement le vocable « associé » te va bien. Personnellement, je le pressentais dès ton interpellation, le 1er septembre, par les services spéciaux burundais à l’aéroport de Bujumbura. La majorité de Congolais l’entrevoyait aussi parce que tu es imprévisible et très instable politiquement.
Je ne te reproche pas de peupler les rangs du M23. Seulement je m’inquiète de l’avenir de ce pays que nous avons en commun : la République démocratique du Congo. Cet avenir n’est pas prometteur avec des hommes politiques de ta trempe qui ne sont pas constants dans leurs convictions et qui n’ont pas d’idéal.
Il y a quelques mois, devant tes compatriotes de la diaspora qui sont en général hostiles au régime de Kinshasa, tu affirmais que Joseph Kabila serait de mèche avec le Rwanda dans l’occupation de notre pays. Tu démentais aussi les accusations de Kinshasa selon lesquelles tu étais en connivence avec la rébellion. J’espère que ces Congolais qui t’avaient applaudi à Aulnay-Sous-Bois dans la région parisienne t’excuseront. Mais je sais qu’ils n’aiment pas qu’on se foute de leurs gueules. Je voudrais bien voir la tête que tu feras lors de ton prochain séjour en France.
Si le ridicule tuait, tu serais agonisant depuis ton départ, à l’époque, du Rassemblement congolais pour la démocratie (RDC) pour rejoindre le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), deux rébellions appuyées respectivement par le Rwanda et l’Ouganda. Tu as même crée ta propre rébellion, le Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes (RCD/N). Tu serais enterré quand, pendant la transition, tu cèdes le portefeuille de l’économie à ton épouse pour occuper la direction du même cabinet.
Seulement voilà, tu as un talent unique. Celui de savoir renaître de tes cendres. Alors que tout le monde te croyait mort politiquement au lendemain de la transition, tu as su rebondir. Oui, 2011 tu décides de miser sur le cheval Tshisekedi. Depuis, tu ne cesses de réclamer à cor et à cri la fameuse « vérité des urnes ». Tu arrives même à te faire élire député. Pendant quelques mois, tu joues le jeu de la démocratie. Mais rien n’y fait. Ton « truc » à toi, c’est les rébellions. De préférence celles télécommandées à partir de Kigali et Kampala. Chassez le naturel et il revient au galop.
Monsieur Lumbala, éternel insatisfait et un opportuniste de mauvais goût. Et le pire c’est que tu es à l’image de nombreux politiciens Congolais. Y compris ceux qui sont aux affaires aujourd’hui. Comme toi, ils sont passés par tous les courants politiques et toutes les aventures militaires possibles. Pour vous, la politique comme les rébellions sont simplement un genre de business. Tiens, tu diras sans doute que c’est une manière comme une autre de gagner ta vie. Et, dans une certaine mesure, je suis d’accord avec toi. Mais moi je regarde aussi les milliers de morts que vous avez sur la conscience. Et franchement, je suis dégoûté. Je plains tes cinq enfants qui auront honte de porter ce nom qui leur collera à la peau à chaque fois que l’on se souviendra de tes errements. A leur place je ne serais pas fier d’avoir un père inconscient. Déjà j’ai honte d’avoir un compatriote de ta race.
Maintenant que tu es « partenaire » du M23, peux-tu me dire qui d’entre cette rébellion et le président Kabila est de mèche avec le Rwanda dans la déstabilisation de l’est du Congo? Tu sais, je ne sais pas quel rôle tu joueras mais j’ai peur que tu pourrisses ce mouvement. Tes pauvres électeurs de la circonscription de Miabi dans le Kasaï-occidental devraient, dans le douleur, prendre acte de ta traitrise. Les mots honte, colère, pitié n’arrivent pas à traduire l’ampleur de ma frustration.
Je ne te salue pas, tu as les mains tachées de sang!
Bouboul Zyad