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Goma – Julien Paluku: « Tout le monde à son poste à 7h30″

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Goma, Rond Point Chukudu (Photo Arsene Tungali/Mutaani)

Le Gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku a pris la décision de mettre de l’ordre dans les services publics de l’Etat en imposant l’heure d’arrivée au bureau pour tous les agents (cadres et subalternes dans le même panier) : 7h30 au plus tard! Il procède par des visites surprises aux différents services et inflige des suspensions à quiconque vient en retard. Cette décision ne laisse pas indifférents les agents de ces services publics qui voient cela d’un mauvais œil.

Les faits

Dans sa jeep, tôt le matin, il débarque, réunit les agents déjà présents et demande à ce que tous ceux qui ne sont pas là ne reviennent plus, qu’ils bénéficient d’un ‘congé’ dont la durée reste à déterminer. Dans le langage de la place, cela veut dire tout simplement une révocation, à moins que le concerné ne bénéficie d’une mesure de grâce particulière ou qu’il recoure à d’autres instances.

« C’est une bonne façon pour lui de révoquer certains agents au profit de ‘ses gens’ qu’il veut introduire dans tel ou tel autre service. Cette mesure ne vise que certaines têtes particulières qu’il veut remplacer au profit de nouveaux dossiers qu’il garde dans son tiroir », se plaint, à chaud, une dame d’un service voisin à la DGRNK (Direction Générale des Recettes du Nord-Kivu), à Goma.

Ce périple a débuté, semble-t-il, à la Mairie de Goma, où il a révoqué, en début de semaine, un bon nombre d’agents et cadres de bureau en commençant par le Maire Adjoint lui-même. La raison est simple, ils ne sont pas arrivés à temps au bureau, et devront servir d’exemple aux autres autres services publics de l’Etat.

A 7h30 ce matin, Mr Julien Paluku débarque à la DGRNK, un des services importants de mobilisation des recettes de la province situé dans le quartier Birere, sur la route de l’aéroport. Il ne considère que ceux qui sont déjà là, les autres arrivant un à un sont juste ébahis en le retrouvant déjà dans leurs installations. Un agent de ce service arrive à moto, remplis de la poussière. Reconnaissant déjà être en retard, il a failli demander au motard de sauter les véhicules devant lui tout simplement pour arriver à l’heure et ne pas subir la rigueur de la loi.

L’amélioration de nos conditions de vie serait le préalable

Lire aussi (en anglais): The other Face of Public Services in DRC

Maman Fatu, une dame, imposante par sa taille et sa physionomie, cadre de direction d’un service public arrive calmement à son bureau à 8h00 et apprend que le Gouverneur est passé par le service voisin. Ses collègues la voyant arriver, l’interrogent sur l’heure et sans se gêner, elle répond avec un excès de rage :

« Et alors ? 7h30 veut dire quoi ? Ça signifie la ration alimentaire de ma famille ? Les frais scolaires de mes enfants ? Laisse-le faire son travail et qu’il ne nous fasse pas la morale car il n’améliore en rien nos conditions de vie et veut que nous soyons au travail à 7h30 ? Un peu de réflexion quand même ! » confie-t-elle après avoir retrouvé tout le monde déjà en place.

Elle, comme ses collègues, sont d’accord et soutiennent cette initiative mais pensent qu’il y a des préalables à faire. Excellence Mr le Gouverneur n’y a peut-être pas pensé avant de se lancer :

« Je suis d’accord, je le soutiens mais il y a des préalables à faire. Avant de nous obliger d’être au bureau à une heure matinale comme celle-ci, qu’il se rassure qu’on a un moyen de transport fiable et ponctuel, que nous avons un salaire décent qui nous permet de répondre aux besoins de nos familles sans que nous soyons obligées de recourir à d’autres sources », lance une autre dame du même bureau, elle, par précaution est quand même arrivée à temps au bureau.

En effet, beaucoup d’agents dans les services publics de l’Etat n’arrivent au bureau que pour marquer leur présence dans le registre et immédiatement sortent pour aller travailler ailleurs où ils gagnent plus. Ils ne reviennent à leur bureau originel qu’une fois les salaires sont arrivés de Kinshasa. La plupart travaillent dans des ONGs et cela leur permet de joindre les deux bouts, comme le confirme Mr John, 65 ans environs, père de famille avec 6 enfants :

« Dans ce service de l’Etat, je reçois un salaire mensuel irrégulier de près de 200.000 FC (près de 250$). Imaginez-vous avec le cout de la vie à Goma, comment puis-je scolariser tous ces enfants ? Ils sont tous en âge d’aller à l’école et à l’université. Par contre, je suis employé dans une ONG internationale où je gagne régulièrement 500$ et je crois, le choix est clair ! En plus, je dois être à ce bureau à la même heure que celle que m’impose Mr le Gouverneur », confie-t-il, visiblement sans trop se gêner et satisfait de la double vie d’employé qu’il mène.

Il faut noter que lui comme les autres agents publics ne sont pas prêts à renoncer volontairement à leur travail dans les services de l’Etat car ils l’appellent « la carrière ». Ils sont tous d’accord que c’est le meilleur des emplois au monde car c’est pour la vie une fois l’on a son numéro matricule, « Le numéro matricule te permet d’être stable car tu as moins de chance d’être révoqué, à moins que le Gouverneur ne se pointe dans ton service alors que tu es allé répondre « OUI » à ton deuxième employeur », conclut Mr Hangi, parlant à basse voix comme si le Gouverneur était dans la pièce à côté.

Il ne peut venir chez nous…

Maman Jeanne, dans la quarantaine, secrétaire de direction, pense que le Gouverneur ne peut arriver dans son service pour le contrôle de l’heure. Elle nous indique la raison :

« Il fait plus attention aux services qui font entrer beaucoup d’argent dans le Trésor Public. Ce sont entre autres les services des frontières, les services de mobilisation des recettes, etc. Il a visité un service voisin, alors qu’on pensait le recevoir chez nous aussi, il s’en est allé sans nous dire bonjour ! Visiblement, on est moins important à ses yeux. Je regrette d’ailleurs d’avoir été aussi matinale aujourd’hui », confie-t-elle, rassurée et en même temps désolée.

Des commentaires dans les bus, les motards, les endroits publics aux alentours de la Mairie, tout le monde ne cesse d’en parler et chacun en donne sa propre lecture. Beaucoup saluent l’initiative, d’autres pensent qu’il se fatiguera bientôt après avoir atteint son « objectif ». C’est le cas de Maman Faida (par respect pour elles, dans la culture Congolaise, on appelle généralement les dames ‘Maman’), dans la trentaine, visiblement mère de plusieurs enfants qui pense que son objectif est de recevoir des corruptions de la part de ces cadres révoqués de leurs postes :

« L’objectif visible de Mr le Gouverneur est qu’il veut rénover et remettre de l’ordre. Mais l’objectif caché est qu’il veut rançonner ces ‘Directeurs’ qui ne voudront pas perdre leur poste et qui seront obligés d’aller le ‘voir’ (langage courtois pour nommer la corruption quand il s’agit d’une autorité politiques, ndlr) ».

Monsieur Jérôme quant à lui, étudiant de son état, salue l’initiative car désormais, il sait rencontrer ces agents, à temps dans leurs bureaux lorsqu’il a besoin de leurs services. « Ça me fait mal lorsque je dois attendre quelqu’un jusqu’à 10h avant de le voir se pointer, la file étant déjà longue pour qu’il commence à recevoir un visiteur après l’autre dans son bureau. Félicitation au Gouverneur car désormais à 7h30, je sais trouver tel directeur à son bureau et déposer ma doléance ! »

En attendant de voir le sort de ces agents et cadres révoqués ou la durée et l’effectivité de cette mesure, le Gouverneur continue son travail. Mais ce qui est visible est que les agents des services de l’Etat se précipitent pour être à leur poste à 7h30 et être au service de la population.


Pas d’impunité pour le M23, comment?

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Kenneth Roth, Directeur exécutif de l’ONG Human Rights Watch a écrit à Joseph Kabila des propositions pour s’assurer que les responsables du M23 accusé des Crimes graves répondent devant la justice.

Voici l’intégralité de la lettre. 

 

Votre Excellence,

 

Je vous écris au nom de Human Rights Watch pour vous soumettre nos recommandations visant à mettre fin à l’impunité pour les dirigeants du M23 et d’autres groupes armés qui sont impliqués dans de graves atteintes aux droits humains en République démocratique du Congo.

 

Nous sommes encouragés par les dispositions claires contenues dans la déclaration signée par votre gouvernement à Nairobi, le 12 décembre 2013, après la défaite du M23, qui empêcheraient les dirigeants du M23 présumés responsables de crimes de guerre et d’autres crimes internationaux graves de bénéficier d’une amnistie. Il est désormais essentiel que des mesures soient prises pour s’assurer que ces personnes soient arrêtées et traduites en justice lors de procès conformes aux normes internationales. Des poursuites judiciaires sont nécessaires pour s’assurer que les responsables de crimes passés ne commettent pas de nouvelles violations, et que les victimes ainsi que leurs familles — et la société congolaise dans son ensemble — obtiennent justice.

 

Nous avons été informés que des autorités de la justice militaire congolaise ont émis des mandats d’arrêt à l’encontre de plus d’une douzaine de leaders du M23 recherchés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Human Rights Watch a documenté des exactions généralisées impliquant un grand nombre de ces personnes ou les forces sous leur contrôle, tandis qu’elles passaient d’un groupe armé à l’autre au cours de la dernière décennie. Au nombre de ces violations figurent des massacres ethniques,des exécutions sommaires, des violset le recrutement forcé d’enfants. Sept de ces personnes figurent sur des listes de sanctions des Nations Unies et des États-Unis les soumettant à une interdiction de voyager et au gel de leurs avoirs.1

 

Plusieurs de ces dirigeants du M23 se trouvent maintenant au Rwanda et en Ouganda. Human Rights Watch n’a pas connaissance de quelque effort que ce soit consenti jusqu’à présent par les autorités du Rwanda ou de l’Ouganda pour enquêter sur leur rôle présumé dans des crimes commis en RD Congo ou pour prendre des mesures afin de les traduire en justice. Dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération, signé à Addis-Abeba en février 2013, les signataires — dont la RD Congo, le Rwanda et l’Ouganda — ont pris l’engagement de « ne pas héberger ni fournir une protection de

quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, d’actes de génocide ou de crimes d’agression, ou aux personnes sous le régime de sanctions des Nations Unies » ainsi que de « faciliter l’administration de la justice, grâce à la coopération judiciaire dans la région ».

 

En juillet 2013, le gouvernement congolais a officiellement demandé l’extradition de quatre dirigeants du M23 du Rwanda en RD Congo, à savoir Innocent Zimurinda, Baudouin Ngaruye, Eric Badege, et Jean-Marie Runiga. Ces personnes se trouveraient encore au Rwanda.

 

Si le gouvernement congolais souhaite s’assurer de l’extradition de ces individus conformément aux normes internationales, il devra répondre à un certain nombre de préoccupations relatives aux droits humains, notamment en assurant un traitement humain des accusés, une fois en détention en RD Congo, le respect de leurs droits à une procédure régulière ainsi qu’à un procès équitable, et exclure l’application de la peine de mort — une peine cruelle et inhumaine qui n’a pas encore été abolie en RD Congo.

 

Nous estimons que l’un des meilleurs moyens de répondre à ces préoccupations et d’assurer des procès équitables et crédibles pour les dirigeants du M23, ainsi que de nombreuses autres personnes impliquées dans de graves crimes internationaux en RD Congo, serait la création de chambres mixtes spécialisées, comme le propose votre gouvernement.

 

Les chambres spécialisées seraient une institution nationale, intégrées dans le système judiciaire congolais, avec pour mandat de poursuivre les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en RD Congo au cours des deux dernières décennies. Elles seraient composées de procureurs, juges et autres membres du personnel congolais et non congolais, le personnel non congolais se retirant progressivement à mesure que les chambres acquièrent légitimité, crédibilité et indépendance. Les organisations de la société civile congolaise appuient largement cette proposition, et elle a été une des principales recommandations du rapport du Projet de mapping des Nations Unies de2010, qui a documenté des violations graves de droits humains commises en RD Congo entre 1993 et 2003.

 

À cet égard, nous avons été encouragés par votre déclaration publiquedu 23 octobre, 2013, s’engageant à la création de chambres spécialisées, et selon nos informations la ministre de la Justice a élaboré une législation créant un tel mécanisme. Nous vous prions instamment de veiller, tout comme votre gouvernement, à ce que la législation progresse rapidement, et à ce que les bailleurs de fonds et les membres de la société civile soient consultés pour aider à assurer un large soutien en faveur de ces chambres. Tous les efforts doivent être faits pour assurer que le projet de loi soit à l’ordre du jour de la prochaine session du Parlement, qui doit commencer en mars 2014.

 

Parallèlement à cette initiative, nous vous invitons ainsi que votre gouvernement à travailler en étroite collaboration avec les gouvernements de la région pour initier des processus visant à traduire en justice dès que possible les criminels présumés qui vivent actuellement en dehors de la RD Congo. Une suggestion serait d’organiser une réunion sous les auspices de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) afin de discuter de la coopération régionale pour traduire en justice les auteurs de crimes graves commis en RD Congo. Les envoyés et représentants spéciaux pour la région des Grands Lacs de l’Organisation des Nations Unies, des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine pourraient également être invités à cette réunion.

 

Ci-dessous figurent quelques mesures spécifiques que le gouvernement congolais pourrait prendre, en partenariat avec la mission de l’ONU de maintien de la paix en RD Congo (MONUSCO) et d’autres partenaires, afin de s’assurer que les droits des accusés soient respectés et que les procédures judiciaires à leur encontre soient justes et crédibles :

 

  1. Le gouvernement congolais devrait maintenir les accusés dans des conditions qui répondent aux normes internationales de détention, comme celles qui figurent dans les Règles minima des Nations Unies pour le traitement desdétenus. Des agents pénitentiaires de la MONUSCO devraient être déployés à temps plein au sein de l’unité où ces prisonniers sont détenus pour s’assurer qu’ils soient autorisés à accéder à des membres de famille et autres visiteurs, des avocats, et un traitement médical, et qu’ils ne soient pas maltraités. Les spécialistes des droits humains de la MONUSCO et les membres d’organisations humanitaires internationales devraient avoir régulièrement accès aux prisonniers.

 

  1. Le gouvernement congolais devrait s’assurer que les accusés bénéficieront d’un procès équitable et qu’une procédure régulière incluant le droit d’appel sera respectée, en conformité avec les normes internationales, telles qu’elles sont énoncées dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le gouvernement congolais devrait :

 

  1. S’assurer que les accusés auront accès à des avocats de la défense de leur choix ayant une expertise reconnue dans les crimes internationaux, ainsi qu’à une aide juridique pour couvrir les coûts de cette représentation si les accusés sont indigents.

 

  1. S’assurer que les accusés seront jugés devant une juridiction qui garantit le droit de faire appel devant une juridiction supérieure.
  2. S’assurer que la procédure sera publique et que des observateurs nationaux et internationaux seront autorisés à assister aux procès.

 

  1. S’assurer que la MONUSCO fournira un appui technique et juridique aux autorités judiciaires congolaises au cours des enquêtes et des procès, notamment grâce au soutien des cellules d’appui aux poursuites, chargées d’apporter un soutien technique aux procédures judiciaires congolaises.

 

  1. Préciser que l’unité de protection des témoins de la MONUSCO fournira un soutien aux victimes et aux témoins impliqués dans les procès, notamment la protection contre les menaces ou les attaques.

 

  1. Le gouvernement congolais devrait également s’assurer que les accusés ne seront pas passibles de la peine de mort. Nous sommes conscients qu’il y a eu un moratoire sur la peine de mort en RD Congo pendant la dernière décennie. Nous vous appelons à soutenir l’abolition complète de cette peine. Human Rights Watch s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, car il s’agit d’une punition fondamentalement inhumaine, cruelle et dégradante. L’abolition de la peine de mort assurerait également la coopération judiciaire avec un certain nombre de pays qui refusent d’extrader des individus vers des pays où la peine de mort n’a pas encore été abolie.

 

Nous vous prions instamment de prendre ces mesures concrètes afin de garantir la justice pour les atrocités commises contre la population de l’est de la RD Congo au cours des deux dernières décennies. Nous serions heureux de vous rencontrer pour discuter de ces questions plus en détail.

 

 

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération,

 

Kenneth Roth

Directeur exécutif

 

Télécharger la lettre de Human Rights Watch

Goma : Les « bikichwa », la recette des gagne-petit

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A Goma, les déchets alimentaires, particulièrement, ceux du poisson sont de plus en plus en vogue dans les ménages des gagne-petit. La terminologie varie entre « kabuchungu », « bikichwa » ou « chipsi » pour designer respectivement, les petits fretins souvent séchés au sable, les ‘têtes’ des poissons frais séchés au sel, les ‘petites parties de la chair’ de poisson. La population locale semble les apprécier, malgré elle, car l’Etat Congolais n’offre presqu’aucune politique stricte en matière de régulation de la qualité des exportations mais aussi, une politique de pêche pour accroitre le rendement au travers de nos sources.

Le marché « deux lampes » à Goma

Les « bikichwa » et les « chipsi » sont les principaux produits alimentaires que l’on peut retrouver dans ce marché. Deux portes du côté droit, deux autres de l’autre cotée de la route sont la référence de ces espèces de poissons que les mamans entretiennent et en exposent le produit fini après avoir traité, découpé à la machette en des morceaux, les rendant prêts à la consommation.

Deborah, une femme de petite taille, a 6 enfants et est propriétaire de l’un de ces étalages. Elle nous révèle le concept et l’origine de ce produit alimentaire : « Nous allons les acheter en gros en Ouganda et en Tanzanie pour les ramener au pays afin de servir ces ménages qui ne sont pas en mesure de se payer du poisson en entier », nous dit-elle. « Là-bas, ils restent avec les autres parties du poisson car un peu plus cher et nous revendent les têtes que nous ramenons chez nous », conclut-t-elle.

Les "chipsi" prets a la vente (Photo: Arsene Tungaii/Mutaani)

Les « chipsi » prêts a la vente (Photo: Arsène Tungali/Mutaani)

Elle comme les autres ne sont pas d’accord avec quiconque les appelle « déchets alimentaires ». Maman Chantal, une femme rencontrée en train de s’en procurer, s’insurge et dit de vive voix en essayant d’attirer l’attention des vendeurs : « Je ne suis pas d’accord qu’on les appelle des déchets car ces produits nous servent et nourrissent plusieurs familles de Goma qui ne sont pas en mesure de se procurer le poisson frais ou salé en entier ». Et en parlant des prix, elle poursuit, « Le kilo de poisson frais est localement vendu à près de 10$ pendant que nous offrons à la ménagère quelques morceaux de nos produits à partir de 1$ selon la quantité voulue. Elle a le choix entre les ‘bikichwa’ ou les ‘chipsi’ », conclu-t-elle avec un grand sourire, en emportant son panier où on peut remarquer des légumes.

Les déchets appelés « Fagiriya Congo »

De l’autre côté, beaucoup d’habitants de Goma pensent que ceci est une façon de dénigrer le Congo en allant acheter ces « déchets » à l’étranger. En leurs propres termes, les Ougandais qualifient ces produits de « Fagiriya Congo » qui veut dire « les déchets qu’on balaie vers le Congo », comme le confirme, révolté, Arnauld, un jeune de près de 20 ans : « Ca fait la honte pour un grand pays comme la RDC, avec toutes ces rivières, ce grand fleuve et tous ces lacs que nous continuions à aller s’approvisionner en déchets alimentaires auprès de nos voisins. Ils ont raison de nous dénigrer en jetant vers nous les déchets » confie-t-il.

Kahambu, mère de 6 enfants réfléchi différemment de ce jeune et nous parle des vertus gustatifs de ces produits dans la cuisine de la ménagère : « Que les gens continuent à les appeler comme ils veulent mais nous on s’en fou ! L’essentiel pour une maman modeste comme moi c’est de rentrer avec quelque chose à la maison pour satisfaire la faim de mes enfants ». Elle nous décrit sa recette à base de ces produits, « Lorsque vous mettez ces têtes de poissons ou ces parties de chair dans des légumes comme le pondu ou les amarantes, cela vous donne un gout très exceptionnel et les enfants sont très reconnaissants », conclu-t-elle.

Quant à Maman Faida, elle préfère les avoir seuls sans légumes pour donner un goût plus original : « Dans une sauce simple avec tomates naturelles et oignons, après les avoir lavés dans de l’eau chaude, je les met dans cette sauce bouillonnante puis couvre la marmite. Déjà au salon, les enfants sentent la bonne odeur qui s’échappe de la cuisine et se frottent les mains », décrit-elle sans cacher son humour. « Lorsqu’ils seront à table, ils n’auront rien à envier à la famille du voisin qui s’est procuré du poisson frais ! », conclu-t-elle.

La consommation intense de ces produits à Goma s’explique par le faible revenu pour une femme comme celle qui vend de la braise au coin de la rue ou qui fait du commerce ambulant et parcoure toutes les rues de Goma pour arriver à réunir 2,000 FC (près de 2.2$) la fin de la journée.

« Je suis menuisier et je n’ai pas honte de me procurer de ces produits avant de rentrer à la maison. Quand ma femme me voit rentrer, elle est toute joyeuse car j’ai eu quelque chose pour accompagner ce qu’elle avait déjà prévue pour le repas du soir », confie Mr Kambale qui a son atelier juste à côté de ces étalages au marché des deux lampes. Il poursuit en décrivant l’ambiance chez lui quand les enfants mangent, « Avec ces têtes de poisson, on en fait une bonne sauce. Quand j’observe mes enfants en train de s’amuser en mangeant, cela me donne du courage d’aller encore demain à mon atelier pour faire les lits, les chaises qui ne sont même pas vendus tous les jours », conclut-t-il avec assurance, assis sur son vélo, prêt de rentrer.

Que dire aux autorités ?

Les avis sont partagés encore une fois car nombreux sont ceux qui tiennent à la bonne réputation du pays pendant que les autres tiennent compte de leur revenu pour nourrir leurs familles.

« Je dis merci aux autorités des frontières car ils facilitent l’entrée de notre camion à chaque fois que nous venons de l’Ouganda ou de la Tanzanie. Ce sont des parents comme nous et donc comprennent ce que ça ferai si ces produits n’existaient pas », se félicite Maman Ange qui est dans ce marché depuis plus de 5 ans, faisant scolariser plus de 5 enfants grâce à ce petit commerce.

De l’autre côté, Maman Claudette, agent humanitaire pense que cette pratique devrait cesser car cela est une honte pour notre pays, elle argumente: « A côté par exemple, on nous refuse d’entrer avec du n’importe quoi sur leur territoire et je ne crois pas qu’ils y accepteraient un tel commerce ». Aux autorités des frontières, elle lance un message, « Je suis d’accord que cela aide les familles à revenu faible, mais que nos autorités aident à relever le niveau financier de la population afin de préserver l’honneur de ce grand pays », conclu-t-elle.

En attendant que cette question de l’exportation de ‘déchets alimentaires’ soit réglée par les concernés, ce commerce continue à s’accroitre car de tous les coins de la ville, les « bikichwa » continuent à être consommés. Les commerçants gagnant leur vie, les familles continuent à s’alimenter en attendant que la Providence vienne au secours.

Je suis photographe au rond-point Chukudu, je gagne ma vie

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« Maman, veux-tu me prendre en photo à côté de ce gros Chukudu ? », dit la petite Anita, 11 ans, à sa maman cet après-midi chaud du dimanche pendant qu’ils passaient par le rond-point pour rentrer à la maison.

Le « chukudu » est un engin fabriqué en bois qui sert pour le transport des  bagages dans les quartiers de la ville de Goma et ses périphéries. Cet engin, à la forme d’un vélo devient petit à petit le symbole de la ville de Goma. Tout visiteur dans la ville veut s’y prendre en photo pour prouver qu’il a séjourné à Goma, la ville touristique.

Cette place, en plein centre-ville de Goma, qui porte désormais le nom de « Rond-point Chukudu » est le seul espace vert, ouvert au public dans la ville ; une place qui n’est jamais vide car utilisée soit pour traverser de l’autre côté de la route, pour se prendre en photo ou tout simplement pour passer du temps de solitude.

Moi j’y fais ma vie

Pendant que certains y vont pour s’amuser ou pour les photos souvenir avec leur propre camera, les autres y sont pour y gagner leur vie. Eux, c’est la quinzaine de photographes qui y passent la journée en train de photographier ceux qui n’ont pas leur propre camera.

« Je travaille ici depuis 3 ans déjà », confie Mr Emmanuel, souriant. « Je suis ici et pas ailleurs car c’est le meilleur endroit que tout le monde apprécie pour se prendre en photo et cela me permet de me retrouver (gagner de l’argent, ndlr). C’est joli et beau », poursuit-il.

Tout autre photographe n’y est pas le bienvenu à moins qu’il ne soit affilié à leur regroupement, comme le dit si bien Monsieur Mastaki, le président actuel: « Ce n’est pas que nous sommes égoïstes mais nous avons des règles, quelques principes qui nous régissent comme dans toute chose qui implique des individus. Nous devons nous entendre pour mieux exercer ». Et il poursuit : « Je suis président des photographes de ce rond-point depuis seulement deux mois et je dois travailler pour le bien de mes pairs », conclut-il.

Le président est élu pour un mandat de 6 mois renouvelables et a un comité qui répond au niveau des officiels la Commune de Goma. Ceux-ci les reconnaissent et leur ont donné l’autorisation d’exploiter ce lieu stratégique.

Chez nous c’est 800FC au lieu de 500FC

Tout simplement parce que le lieu est beau et attractif, la photo ici n’a pas le même prix qu’ailleurs ; dans les autres coins de Goma c’est normalement 500FC la photo (près de 0.5$). Un peu de calcul car eux ont « des charges à couvrir ».

Le prix dépend également de la durée pour l’obtention de la photo.

« Pour une photo à retirer après une heure, le client paie 800FC (près de 0.9$) au lieu de 500FC qu’il paie pour les autres endroits de la ville », explique Emmanuel. Comprendre que dans ce cas, le client part et revient retrouver son photographe au même lieu pour avoir sa photo. Le photographe lui étant parti faire imprimer la photo dans un studio juste à côté.

« Pour une photo expresse, le client paie entre 1500FC et 2000FC car il est pressé ; dans 3 à 5 minutes, il a sa photo », poursuit Emmanuel. « Nous avons des petites imprimantes à batterie rechargeables que nous portons dans nos sacs pour les clients pressés. Cette imprimante et les consommables nous coûtent cher, le client devra être conséquent », conclu-t-il avec un large sourire.

La compétition pour la clientèle s’impose

Il n’y a pas qu’un seul photographe sur la place et donc c’est de la compétition. « Quand je vois une moto s’arrêter à l’entrée de la place ou un passant s’approcher, je me précipite vers lui pour lui proposer mes services », confie Jacques qui est à cet endroit depuis 2 ans. « De fois, c’est juste quelqu’un qui veut aller de l’autre côté de la route et qui n’a rien à faire avec mes services. Je ne me décourage pas pour autant et j’attends le prochain », conclu-t-il.

Chacun de ces photographes se bat pour qu’à la fin de la journée il ait totalisé un nombre consistant de clients qui ont bénéficié de ses services. Autant de clients reçus, autant la cagnotte est consistante.

« Cette année, le plus beau jour pour moi fut le 8 mars où j’ai pu prendre en photo plus de 30 femmes et jeunes filles qui étaient de passage, habillées en pagnes. Elles avaient besoin de garder le souvenir de leur journée et moi j’ai fait l’affaire », se félicite Muhindo en fixant les yeux sur ses pairs qui visiblement l’admirent pour son accomplissement.

Monsieur Emmanuel son collègue, quant à lui, n’était pas sur les lieux, il avait donc raté le coup. Il exprime son regret : « Ce jour-là, j’étais invité à prendre en photo le mariage d’un cousin, qui d’ailleurs n’avait pas assez d’argent pour me payer. Je l’avais fait bénévolement comme ma contribution à l’événementMais je crois que j’aurai fait une bonne affaire si j’étais à mon poste habituel. »

Les étudiants et les élèves sont parmi les clients car les photographes offrent le service des photos passeport qui sont exigés pour l’inscription à l’école ou à l’université. Mais egalement la constitution du dossier pour les élèves finalistes.

Marc, élève finaliste d’une école secondaire de Goma était sur les lieux cet après-midi après son cours de rattrapage: « J’étais là ce matin car je devais me prendre des photos passeport pour l’école. Ils l’ont fait très rapidement et j’ai pu retourner vite en classe sans être en retard », confie-t-il.

Pour vous : 4 photos passeport coutent 5$ et le client les reçoit quelques minutes après. Autant d’élèves passés pour le service, autant le photographe sourit à la fin de la journée.

On gagne souvent, mais on perd également

La photographie se porte bien au rond-point Chukudu à Goma mais les photographes se plaignent de l’attitude de certains clients, malhonnêtes.

« Dans mon sac, j’ai une centaine de photos de gens qui ne sont plus repassés les reprendre au moment convenu », se plaint Mastaki, le président des photographes de ce lieu avant de poursuivre : « Mes pairs ne cessent de se plaindre car cela est une grande perte pour eux. C’est vraiment dommage que les gens se comportent ainsi. »

Lorsque le client se prend en photo et que l’on lui donne rendez-vous, il ne revient plus jamais. Entre temps, le photographe aura investi son argent à l’avance avec l’espoir que le client revienne les récupérer.

« C’est une honte car ce sont des ‘responsables’ qui viennent se prendre en photo ici ; si c’étaient des enfants seuls, on pouvait comprendre. Mais des femmes de ménages qui viennent avec leurs enfants certains weekends, sont celles-là qui nous font autant de mal », confie Emmanuel, déçu.

Cette place est ouverte au public et reste propre suite à l’action de ces photographes qui en font la propreté et la sécurité le jour. Personne ne piétine le gazon ni ne touche aux fleurs. Ce qui permet à cet endroit, le seul endroit ouvert et propre et à défaut d’un parc d’attraction plus grand, de rester le symbole de la ville de Goma. La prochaine fois que vous visitez Goma, n’oubliez pas d’y passer et vous prendre en photo au rond-point Chukudu.

Des maisons de vente des DVD, CD

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De plus en plus de maisons de vente des DVD, Cd et autres  services électroniques voient leur jour à Goma. Ces maisons communément appelées éditions dans les quartiers vendent divers services allant du DVD de filme international, une série feuilleton  a la musique des artistes tant locaux qu’étrangers a un prix allant de 100 a 1500 Francs congolais ( environs 1.5 dollar US).

Interieur 2

Les artistes de Goma  musiciens et cinéastes pour la plupart de cette prolifération des maisons qui piratent en moins de temps qu’on y pense, musique, vidéos et autre, réduisant ainsi les chances de gagner leur pain quotidien, Jogra Mentor de son vrai nom Johnny est artiste musicien habitant l’un des quartiers « chauds » de Goma

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Entre temps des deux cotés, on ne peut que se regarder en chien de faïence étant donné le besoin de tous de vivre à la sueur du front et le calme apparent dont semblent montrer les autorités compétentes en la matière.

AMANI ITAKUYA II : Appel à soumission

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La série d’essais Amani Itakuya est un projet pour créer des idées, discuter des défis et des opportunités, et d’engager des débats constructifs sur la paix à l’Est de la République DémocraIMG_0117tique du Congo (RDC) et ses environs. Développé sur www.christophvogel.net,  sa deuxième édition sera réalisée en collaboration avec Radio Mutaani, maison de média, magazine, et label de production culturelle.

Rassemblant un éventail d’acteurs locaux et internationaux – universitaires, journalistes, praticiens et autres – Amani Itakuya vise à élargir l’ampleur du débat. La série d’essais cherche à relier les discussions et des idées à la une en vue d’approfondir les dialogues existants sur la paix au Congo.

Amani Itakuya n’est ni journalisme pur ni un exercice entièrement académique, même si certaines contributions correspondent aux critères respectifs. La série est censée aller au-delà du journalisme quotidien en termes d’arguments, idées et pensées tout en maintenant en même temps un langage clair et facile afin de maintenir un débat accessible à un large public au-delà des cercles académiques.

Par souci de promouvoir un large éventail d’idées, Amani Itakuya n’a pas de limitations thématiques au-delà du fait qu’il s’agit d’un projet qui traite la question générale de la sécurité et la paix en RDC. Le projet veut fournir une tournée à travers une multitude de questions, tant que soulevées par les préoccupations et visions de contributeurs, beaucoup d’entre eux étant des acteurs locaux.

Vu qu’il est impossible de prétendre qu’encore une autre série d’écrits sur les conflits congolais peuvent contribuer substantiellement à la paix, cette série d’essais tente à rien que démocratiser et ouvrir les débats, ainsi qu’à soutenir les discussions entre les acteurs locaux et étrangers, mais aussi entre les Congolais de différent régions du pays, Rwandais, Ougandais, Burundais et autres.

En 2013, la première édition avait inclus 25 essais français et anglais et a reçu de nombreux éloges dans les réseaux sociaux et médias. Certaines contributions sont apparues en forme de réimpression, par exemple chez Open Society Initiative pour l’Afrique Australe (OSISA) ou Rift Valley Institute (RVI). Amani Itakuya II n’a pas de limites quant aux sujets abordés – la seule restriction est que tout discours de haine et toute discrimination ne sont pas autorisés.

Les contributions à la deuxième édition Amani Itakuya doivent être envoyées à christophvogel@gmx.net et sekombi@gmail.com jusqu’au 15 Janvier 2015, soit en français ou en anglais avec une limite de mots entre 500 et 1000. Les essais acceptés seront traduits respectivement sous condition que les fonds nécessaires seront acquis et seront publiés simultanément sur www.christophvogel.net et www.mutaani.com en Février et Mars 2015.

Selon la disponibilité d’un financement, une conférence de deux jours sera organisé à Goma en Février 2015 pour présenter et discuter les essais et quelques bourses de voyage seront disponibles pour les non-résidents de Goma.

AIII #15: LE DÉPLACEMENT MASSIF DE LA COMMUNAUTÉ BANYAMULENGE ET L’IMPACT NÉGATIF DE L’ASSISTANCE HUMANITAIRE DANS CETTE COMMUNAUTÉ

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Le déplacement massif de la communauté Banyamulenge et l’impact négatif de l’assistance humanitaire dans cette communauté

Rodrigue Rukumbuzi

 

Les guerres consécutives dans les pays des grands lacs et plus particulièrement la République démocratique du Congo sont devenues une occasion de déplacement en masse ou d’exil pour les personnes de la communauté de Banyamulenge des hauts plateaux des territoires d’Uvira, Fizi, Mwenga, et de Vyura dans la province du Katanga. Chaque fois quand il ya des affrontement dans l’un des territoires, par exemple dans les hauts plateaux, il ya déplacement massif de la population vers les zones sécurisées pour d’autres communautés de ces milieux ; mais les Banyamulenge se dirigent tout droit vers les camps des réfugiés, certains au Burundi, Rwanda, et d’autres en Ouganda et au Kenya.

La population de cette communauté en refuge à l’étranger, ne veut-elle pas se déplacer vers les zones encore sécurisés comme tant d’autres congolais des milieux ? Pour quoi ne pas les rapatrier pour leur réinstallation dans leurs zones résidentielles ? L’agence humanitaire chargée de leur rapatriement qui est l’UNHCR se donne corps et âme pour les enregistrer et les accompagner le plus loin vers les pays voisins. Chose étonnante, tout le monde ne parvient pas à atteindre les milieux de destination qui fait qu’un bon nombre des dits réfugies Banyamulenge s’éternise et se retrouve abandonné dans leurs camps des réfugiés à Nairobi sans rien faire et sans espoir de retourner dans leur communauté, ni d’atteindre les milieux envisagés.

Le déplacement de Banyamulenge vers les camps de refugiés à l’étranger n’est pas seulement un problème d’insécurité, plutôt un problème économique avec des intérêts bien défini. Dans ce cas nous les appelons des exilés politiques ou par d’autres appellations appropriées et non des refugiés qui désirent la protection. Il y a des camps des refugies, qui gèrent les refugiés congolais, qui aujourd’hui font leurs activités en RDC étant que refugiés et aucun effort n’est mis en place par l’UNHCR pour leur rapatriement.

Le nombre approximatif s’estime aux chiffres suivants. Dans le haut plateau d’Uvira (groupements de Bijombo et Kigoma) ; dans le haut plateau de Fizi (Minembwe et ses environs) ; dans le haut plateau d’Itombwe .Le nombre des personnes refugiés Banyamulenge varie entre 20000 et 30000, éparpillés dans 7 camps des refugiés, dont Bwagiriza, Muyinga, Musasa, Ngarama, Kibuye, Nyakivala, Icyaka, et de nombreux autres sites au Kenya.

En ce qui concerne les pays cibles de ces réfugiés Banyamulenge (Burundi, Rwanda, Ouganda, Kenya, et Tanzanie), l’ouverture de partir à l’étranger par l’UNHCR cause le dépeuplement et la pauvreté dans la communauté des Banyamulenge, ils vendent leurs biens afin de s’installer dans les camps de refugies où ils vont trainailler sans suite. Tant plus, beaucoup de réfugies Banyamulenge sensibilisent leurs frères de se rendre dans les camps des refugies pour profiter des faveurs octroyées par le HCR. Dans les camps des refugies congolais (Banyamulenge) finalement, la majorité sont des jeunes qui s’attaquent pour leur départ ailleurs. Cependant, certains refugies congolais, quittent les camps momentanément vers la RDC pour faire leurs activités (commerce et élevage).

Vu que les conflits intercommunautaires, l’existence des forces étrangères et le déplacement massif de la population des certains parts de la communauté(Banyamulenge) sont à la hausse les hauts plateaux d’Uvira, Fizi et Itombwe, il est nécessaire de mettre fin à la haine et toute discrimination infligées par certains mouvement et réintégrer la paix et la stabilité dans ces différentes zones et communautés.

Le déplacement massif de la communauté Banyamulenge persiste et est à la hausse, stimulé par le « tombola » idiome du milieu qui veut simplement dire choix multiple aux personnes chançardes pour le départ à l’étranger. Cela ne sera-t-il pas une sensibilisation de la part des initiateurs ? Cet effet suscite même les Banyamulenge résidant au Rwanda et ceux des zones hauts-plateaux d’Uvira, Fizi et Itombwe de s’y impliquer portant une couverture de Banyamulenge congolais disant qu’ils viennent tous de la RDC.

Depuis les années 1960, la communauté de Banyamulenge, était dépourvu surtout sur le plan sociale et administratif, citons politique où la grande autorité qui régnait était notable ou chef de localité qui maitrise toute la situation et à cette époque on avait besoin de nationalité congolaise aussi la guerre ethnique existait orientée vers la communauté en question, mais il n’y avait pas le déplacement vers étrangers.

Stupéfait, actuellement cette communauté à de grandes autorités dans le gouvernement et a déjà la nationalité congolaise mais alors c’est l’occasion de se déplacer massivement vers les pays étrangers. C’est inexplicable, quelle est la cause ? La cause est due à l’insuffisance socio-économique et le manque d’information et formation.

Déjà 17 ans des mouvements de déplacement de cette communauté vers les pays étrangers, aucune intervention que ce soit, soit de la part du gouvernement ou des organisations nationales ou internationales ne s’est jamais présentée pour mettre fin ou chercher à remédier ce mouvement de navette de cette dite communauté ; afin de réintégrer la stabilité et une stratégie technique qui pourra faciliter la situation sociale au sein de cette communauté. Or cela s’il y a assistance ou sensibilisation ou plaidoyers, ces gens ne peuvent pas se déplacer si vite et aller subir des multiples souffrances. Il s’agit seulement d’un manque d’information et du plaidoyer qui permettent cela ; et aussi de permettre aux jeunes d’échanger avec les refugiés de leur communauté sur leur rapatriement afin réanimer une stabilité durable dans leur communauté.

Si les acteurs humanitaires découragent le mouvement de Banyamulenge vers l’étranger sous couverture des refugiés, cela est un avantage pour cette population surtout pour le développement de leurs zones respectives et la meilleure éducation de leurs enfants dans le cadre de consolidation de la paix des générations futures. En fin techniquement pour la transformation des idées de la population, il serait impérieux d’implanter une stratégie ou un cadre communautaire d’échange en collaboration avec les associations des droit humains d’origine Banyamulenge pour remédier et mettre fin à cette conception instable de Banyamulenge.

Rodrigue Rukumbuzi est coordonateur de l’ONG Agape Hauts Plateaux asbl.

AIII #16: DU RECOURS À LA CONSTITUTION D’UNE MILICE TRIBALE, UN MOYEN ILLICIT DE LA PROTECTION DES COMMUNAUTÉS EN CONFLITS

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Du recours à la constitution d’une milice tribale, un moyen illicit de la protection des communautés en conflits

Juvénal Twaibu

En général, la question de la paix et la sécurité à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) demeure une épineuse préoccupation de tout acteur épris de bonne volonté et impliqué dans la recherche d’une solution-réponse quant à la stabilisation et le développement. Notre contribution rentre dans le cadre de faire une autopsie-critique de la situation sécuritaire à Uvira et à Fizi où la paix tant recherchée n’est jamais retrouvé. C’est dans cette optique que nous voulons remettre en même temps la pendule à l’heure sur le blocage et les différents facteurs qui mettent la machine [1]de l’évolution positive de la dynamique de la paix dans l’inertie d’autant plus que, de toutes les démarches amorcées par divers acteurs nationaux, régionaux et internationaux, impliqués rien n’augure jusque là, une assurance de l’accession de la population d’Uvira, de Fizi et d’Itombwe à une paix souhaitées.

Cette petite ébauche est la résultante de toutes nos recherches effectuées sur les conflits de pouvoir dans la chefferie de la plaine mettant aux prises les Bafuliru et les Barundi auxquels sont assimilées les banyamulenge de la zone; la dynamique conflictuelle dans le Fizi et Itombwe entre Babembe et Banyamulenge ; le conflit de pouvoir en groupement de Bijombe dans la chefferie des Bavira, opposant ainsi les Bavira aux Banyamulenge aux Banyindu et en fin ; les Babembe contre les Babuyu en territoire de Fizi (Sud-Kivu) et Kabambare (Maniema).

Difficulté de transformation des conflits

Face à cette situation, la difficulté d’une bonne résolution de ces conflits découle de la non maitrise des enjeux : desparties au conflit, des cause profondes, des natures même des conflits et d’autres aspects dont : les éléments déclencheurs qu’il faut résoudre, les connecteurs qu’il faut capitaliser et exploiter et les diviseurs qu’il faut bannir ou carrément abolir ainsi que les acteurs invisibles à aborder en face pour leur dire la vérité du rôle qu’ils jouent.

Le pouvoir en place et la communauté internationale [2] s’efforçant dans la démarche tendant à aboutir au résultat « la paix » et « la cohabitation » entre les communautés, ne se limite qu’aux tentatives des réponses tout en ne terminant pas définitivement, les crises auxquelles il est appelé à résoudre à travers ses prérogatives régaliennes.

C’est cette difficulté et cette inefficacité de trouver rapidement des réponses aux diverses crises que, certains membres des différentes communautés en conflit optent ou envisagent le recours à des voies violentes dont la création des milices tribales non seulement pour assaillir les autres, mais aussi pour se constituer un outil protecteur au travers lequel une idéologie extrémiste est véhiculée.

C’est dans cette optique qu’on voit naitre différentes nébuleuses dont le soubassement émane toujours d’une instrumentalisation ethnique du problème, le cas de la chefferie de la plaine en est une illustration éloquente. Fort est de constater qu’en dépit de toutes ces démarches, aucune solution n’est jusque là trouvée si pas, la recrudescence des conflits dans la sous-région d’Uvira et de Fizi ainsi qu’en Itombwe. On assiste, à cet effet, à un cycle interminable des conflits dont certaines parties prenantes s’y improvisent, ne sachant même pas bien les tenants et les aboutissants.

De l’autre côté, la dynamique politique joue un rôle très prépondérant dans l’accélération des tensions ou des conflits. D’où l’implication du politique qui, dans une certaine mesure, s’inscrit dans la logique d’une récupération politicienne en manipulant surtout, la jeunesse à laquelle, la haine, la jalouse, la xénophobie, restent ici les principaux slogans pour diviser davantage les communautés qui, naturellement, sont condamnées à vivre éternellement ensemble. Toutes ces attitudes ne cessent, cependant à engendrer des conséquences très néfastes dont les femmes et les enfants ainsi que les personnes de 3ème âge en paient le prix.

Juvénal Twaibu est Directeur du Centre de Recherches et Etudes Stratégiques du Sud-Kivu (CIRESKI).

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[1] Le facteur bloquant le processus découlent toujours de l’idéologie divisionniste des certains membres des communautés en conflit au sud du Sud-Kivu. Ceux véhiculent le message de haine et de division dont les principaux s’inscrivent dans le cadre de la soit-disante protection dénoter terre contre les envahisseurs étrangers qui sont ici considérés par ceux qui s’appellent autochtones, les immigrés depuis le XVIIième Siècle.

[2] La RDC et son partenaire la MONUSCO ont depuis plus d’une décennie développé des actions conjointes pour amener une paix à l’Est de vaste pays mais en vain. Plus d’actions initiées par la Monusco, les ONGs internationales, les chercheurs concurrent toujours dans le même angle de trouver une paix durable dans la partie orientale de la RDC Mais aussi dans la sous-région d’uvira et de Fizi en particulier.


AIII #17: WHY SHOULD THE GOVERNMENT OF THE DRC PRIORITIZE SSR OVER DDR PROGRAMS?

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Why should the Government of the DRC prioritize Security Sector Reform (SSR) over Disarmament, Demobilization, and Reinsertion (DDR) Programs?

Mahaut de Talhouët

Many articles have been written on the linkages between SSR and DDR, and how success in one of these fields is a prerequisite for success in the other. Research has also highlighted the Government of DRC’s (GoDRC) reluctance to undertake SSR for reasons international doors have little leverage on [1].

This paper argues that the GoDRC should stop trying to implement DDR programs as long as SSR remains off the agenda. A succession of DDR programs has created a failing army, a lack of trust in the Government and the continued presence of armed groups. Indeed, by integrating whole rebel groups in the national army keeping their insurgency structure and chain of command, it has created a patchwork army, with a lack of training (from rank and file to officers), a lack of cohesion and an absence of devotion to the Nation. By failing at keeping its numerous reintegration promises, the government has created distrust and many demobilized rebels returned to rebellion, while others keep enrolling luring at rebellion as a mean to integrate the army. Unfortunately the new PNDDR III is not an attractive option for Congolese rebels either; although it theoretically addresses mistakes from previous DDR programs, it fails at offering new opportunities, and its almost year-long stalemate did not restore the trust it needed to even function.

In this situation, only SSR can bring about the changes necessary for a successful DDR. The current situation in Eastern Congo provides more reasons and opportunities for mobilization than for de-mobilization. Aside from ethnic tensions, the high rates of unemployment and critically low income, makes holding a weapon a lucrative opportunity as it permits illegal taxation (on movements, on mining, on trade benefits etc.). To be successful, a DDR program must give a combatant a more attractive option than continuing fighting; and only SSR can do this, as it will, first, make it more dangerous for armed groups to continue inciting violence; and, second, take away some of the armed groups’ stated reasons for violence as well. In fact, SSR is about capacity building, and improving the command-and-control structure. Strengthening these two axes could balance the benefits of mobilization as follows:

Restore the FARDC’s deterrent effect Most Foreign Armed Groups (FAGs) in Eastern Congo have long been threatened with military operations, by the GoDRC and jointly with MONUSCO, but as these operations never seem to take place, few armed groups see them as a deterrent any more. Armed groups (AGs) could be given the option to peacefully enter a DDR program, or if that fails, be targeted by military operations. It is much less appealing to join an AG for profit or supposedly to ‘protect your community’ if this means you may get killed or wounded as a result. By expending the presence and action of FARDC, illegal activities present more risks, AGs are then more likely to disarm, and less capable of returning after a DDR process and cause problems. However, this can only work if the army is capable of launching effective operations; if an operation fails, the army will lose any further capacity for deterrence and there will be little AG interest in joining a DDR program.

For the army to act as a deterrent and force people into a DDR-process, the FARDC needs to be able to do its job. They would however have a hard time defeating FAGs to begin with: not only are many FAGs better armed than some of the National Armed Groups (NAGs), but as the FARDC is composed of many ex-armed group members, mixed loyalties remain and mess with its command-and-control system.

De-legitimize NAGs and restore trust in the Government to address local grievances Armed groups mobilize around more than just ‘filling security vacuums’ or for economic motivations. Most national armed groups (NAGs) came into being to protect themselves and their communities from foreign armed groups (FAGs) and will loudly declare that if all foreign combatants leave the country, they would peacefully disarm. Although this may be unlikely, they do have a formal agenda, based on the grievances of the communities they claim to represent. If the government does not address this, and FAGs remain, it gives them a good excuse to remain active.

If FAGs are successfully defeated on Congolese soil, several NAGs would likely disarm and join the DDR program; because the core reason of their mobilization was suppressed or because they fear military operations by an army that successfully defeated armed and organized [foreign] armed groups. In other words: effective SSR would enable the FARDC to successfully lead military operations against FAGs in Eastern DRC, and control territory once these operations are successful. By doing so, SSR directly supports DDR in strengthening the likeliness of voluntary disarmament and reducing the attractiveness of creating new armed groups or of groups returning after a failed process.

The unfortunate conclusion, however, is that as long as the GoDRC remains reluctant to work on SSR, DDR programs are doomed to fail. The alternative would be to lower ambitions for DDR and opt for locally-embedded programs. Since a major factor for mobilization is the lack of economic alternatives to violence, creating space and opportunities for legal activities would offer an alternative. Providing the most vulnerable of a community (including, but not only combatants) with training and assistance for economic-development with relevance to the needs of their community would foster their civilian reintegration; provide them with a status they can be proud of, and be beneficial to their community. Combining these activities with violence reduction programs and dialogue among ex-combatants, communities, and FARDC, may help (re)build trust and reduce grievances. A locally grounded approach and in-depth discussions of particular trauma will also help tailor assistance to needs and avoid a one-size-fits-all approach which will likely prove inefficient when dealing with sensitive-psychological cases (violence, trauma, rejection etc.).

This local/individual approach is widely implemented and successful with child-soldiers. Although dealing with adults presents additional requirements, such as justice, much can be learned from it. In the absence of SSR, doing DDR exclusively through locally-embedded programs could offer a successful first step towards peace and reintegration; at least until the government develops further capacities to control its own security sector.

Mahaut de Talhouët is working in DDRRR in South Kivu. Initially trained as a psychologist, she is particularly interested in Reintegration, Trauma Healing and Resilience questions related to illegal armed groups.

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[1] See Kets, and De Vries: Limits to supporting security sector interventions in the DRC. Institute for Security Studies, July 2014: ISS Paper 257.

AIII #18: RE-ENGAGING THE GLOBAL: AN ACCOUNT OF THE POLITICAL AND ECONOMIC ROOTS OF CONFLICT IN DRC

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Re-engaging the Global: An Account of the Political and Economic Roots of Conflict in DRC

(picture by the author)

Marta Iñiguez de Heredia

In the last few years there has been a shift in thinking about the roots of conflict in the DRC. From a focus on mineral wealth exploitation, the debate has shifted to land and identity as the primary reasons for conflict to continue.[i]Unresolved historical cleavages around land and power distribution, both of which are linked to identity and belonging, create the basis for political mobilisation through violence.[ii] Although these analyses have offered nuanced explanations of the micro-dynamics, two features put them at risk of reproducing previous problems.

Firstly, the focus on the local has detached these analyses from broader global political and economic structures that condition the micro-level. Secondly, the characterisation of politics, the economy and society as neo-patrimonial has pictured the DRC as pathological. These two features are particularly salient in the renewed International Security and Stabilization Support Strategy (ISSSS), which makes the transformation of the state, the centrepiece for the possibility of peace. However, not only do these two features replicate an ahistorical and depoliticised view of the conflict, they ultimately portray Congolese actors and their own created dynamics as the only ones needing change. On the contrary, the article argues, neither the nature of the state, poverty, access to land, nor the distribution of political representation can be detached from patterns of appropriation and dispossession at the global political economic level. These patterns have not only transformed at different times the material and ideational basis of political authority, they have also put the local peasantry in direct connection with the dynamics of the global economy. The article focuses on patterns of extraction, patterns of state-formation, on the rhetoric of modernisation and on peasant resistance.

One of the most direct constrains of the nature of state authority is the extractive character of DRC’s economy. It was configured at the time of colonisation but maintained after independence, focusing on labour, land, resources and taxes. Taxation, for example, has always taken place in the context of a non-bureaucratised state infrastructure while serving a structure of authority linked to the international context. Between 1912 and 1933, the value of annual head tax went up 16% whereas monthly wages remained the same and debt rose from 250 million to 3500 million Belgian francs, that is a 1300% increase.[iii] This was not due to increases in government expenditure, but rather to the war effort in 1914 and subsequently the 1930s depression. During this period, which lasted only a few decades, the political and economic basis of authority in the DRC went from slavery to a system of waged labour. Subsistence farming has lived ever since in parallel to cash-crops as a marginal low-income activity, increasingly dependent on the possibility to rent rather than to own land. This is not just a feature of the way Belgian colonial administration was dealing with the distribution of wealth and rights, but also with the particular value of exchanges in the global market.

Yet taxes, labour, land and resources have not translated into the industrialised society that modernism predicated. Modernity has placed the DRC as a low-income country, which exports copper, petrol and ore at low value, and imports refined oil, technology, medicines, iron and meat at high prices.[iv] There is an outward exit of resources and debt, and an inward reception of manufactures and aid. The recent call for new large investments in land and the rise of agro-businesses displays the tendency of land and wealth distribution upwards and outwards, while pushing peasants to waged labour, migration and rent.[v]

The solution given to these issues has been premised on the construction of a liberal democratic state. These solutions argue that long-time entrenched corruption, power-politics and nepotism at all levels of state hierarchy are a source of violence. Hence, the neopatrimonial state has to turn into the modern state of the 21st century.[vi] However, during the last decade of statebuilding, authority has been pluralised and violence has been decentralized across actors as varied as elite coalitions, military, corporations, armed groups and foreign states.[vii] Yet these processes reflect more patterns of shared sovereignty in world politics and patterns of state-formation writ large, than particular pathological instances of state authority.[viii]

What statebuilding brings is a new version of the modernisation discourse that has offered state administrators a claim to legitimate authority. As James Scott defines it, high-modernism is the ‘belief in the capacity of technicians and engineers to design and implement comprehensive new forms of living and production that would be superior – that is, more “progressive”, productive, healthy, and humane to anything thus far devised.’[ix] The dynamics of identifying the nature of the state as neo-patrimonial against the construction of the ideal state as modern is the discursive device to claim obedience, taxes and labour, even if peace, democracy and development may not be straightforwardly available in return.

In this context, both historically and in the present, peasant resistance is not only important, it is constitutive of political order.[x] In the context of the present war, peasants have been exposed to the new demands of global markets, to the changes in security interests in Africa at the end of the Cold War and to the reconfiguration of the global security agenda. So while the war has transformed the political and economic landscape, with a direct impact on livelihoods, a significant section of rural classes have turned the war into a possibility for revolt.[xi] Although identity and belonging have marked the discourses of rural militias, these are underpinned by the long-term political aspirations for land, labour, democracy and participation.

Taking account of these dynamics from the perspective of the longue-durée the above illustrates the intertwinement of macro and micro-level dynamics that shape and constitute the nature of the state, political representation, economic distribution and appropriation in the DRC. Global economic patterns have constrained the Congolese economy, state-formation and peasant resistance. This historical sociological perspective contributes to analyses that have tended to stay within the confines of present and the local, overemphasising the specificities of the DRC. The article does not conclude with a call to return to a structuralist deterministic analysis that oversees agency or the particularities of local and regional politics. It calls to observe the pervasiveness of these patterns and the limits of an account that detaches the DRC from them.

Marta Iñiguez de Heredia is a Teaching Associate at the University of Cambridge

 

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[i] The list of works contributing to this argument from different perspectives is extensive and the criticisms laid out in this article do not apply to all of them in the same way.

[ii] E.g. Morten Bøås, “Autochthony and Citizenship: ‘Civil Society’ as Vernacular Architecture?,” Journal of Intervention and Statebuilding 6, no. 1 (2012): 91–105; Séverine Autesserre, The Trouble with the Congo: Local Violence and the Failure of International Peacebuilding (Cambridge: Cambridge University Press, 2010); Fraternel Divin Amuri Misako, “Les Milices Maï-Maï Au Maniema (août 1998-2003): Un Mode d’Affirmation Politique Des Masses Rurales?” (Master Dissertation, Political Science, Université de Kisangani – Faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques – Département des Sciences Politiques et Administratives, 2008), Royal Museum of Africa, Tervuren, Belgium.

[iii] A. Adu Boahen, Africa Under Colonial Domination 1880-1935 (UNESCO, 1985), 356 – 58.

[iv] Observatory of Economic Complexity, “Democratic Republic of the Congo – Profile of Exports, Imports and Trade Partners,” Massachusetts Institute of Technology, (2014), http://atlas.media.mit.edu/profile/country/cod/ Accessed 15/01/2015.

[v] UNDP, Democratic Republic of Congo Agriculture Investment Opportunities Brief: CAADP Investment Facilitation Programme (UNDP, 2013).

[vi] ISSSS, Stratégie Internationale de Soutien À La Sécurité et La Stabilisation 2013-2017 (Kinshasa: MONUSCO, 2013).

[vii] This section will draw on fieldwork undertaken in North and South Kivu and Kinshasa between 2009 and 2014. For previous work see: Judith Verweijen, “Military Business and the Business of the Military in the Kivus,” Review of African Political Economy, forthcoming 2013; Theodore Trefon, Congo Masquerade: The Political Culture of Aid Inefficiency and Reform Failure (London and New York: Zed Books, 2011); Koen Vlassenroot and Timothy Raeymaekers, “Briefing: Kivu’s Intractable Security Conundrum,” African Affairs 108, no. 432 (2009): 475–84.

[viii] Achille Mbembe, “Désordres, Résistances et Productivité,” Politique Africaine, no. 42 (1991): 2–8; John MacMillan, Richard Little, and George Lawson, “The ‘Will to Order’: Intervention in the Modern World,” Review of International Studies 39, no. 5 (n.d.): 2014; Charles Tilly, Coercion, Capital, and European States, AD 990-1990(Cambridge, Mass: B. Blackwell, 1990).

[ix] James C. Scott, “Geographies of Trust, Geographies of Hierarchy,” in Democracy and Trust, ed. Mark Warren (Cambridge: Cambridge University Press, 1999), 284, emphasis in the original.

[x] Alphonse Maindo Monga Ngonga, “L’État À L’Épreuve de La Guerre: Violences et Reconfiguration Des Pouvoirs En Republique Démocratique Du Congo” (Doctoral Thesis in Political Science, Paris 1 – Pantheon Sorbonne, 2004); Dave Renton, David Seddon, and Leo Zeilig, The Congo: Plunder and Resistance (London: Zed Books, 2007).

[xi] This point will be extended with fieldwork research in Bunyakiri, Fizi and Mwenga around Simba-Mai Mai; Yakutumba and Nyakiliba. See previous research in: Luca Jourdan, “Being at War, Being Young: Violence and Youth in North Kivu.,” in Conflict and Transformation in Eastern DR Congo, ed. Koen Vlassenroot and Timothy Raeymaekers (Gent: Academia Press, 2004), 157–76; Franck Van Acker and Koen Vlassenroot, “Les «maï-Maï» et Les Fonctions de La Violence Milicienne Dans l’Est Du Congo,” Politique Africaine, no. 84 (2001): 103–16; Emmanuel Lubala Mugisho, “L’émergence D’un Phénomène Résistant Au Sud-Kivu (1996-2000),” in L’Afrique Des Grands Lacs: Annuaire 1999-2000, ed. Stefaan Marysse and Filip Reyntjens (Paris: L’Harmattan, 2000), 188–223.

AIII #19: APRÈS 10 ANS D’EXILE, SADIKI RETROUVE SA FAMILLE

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Après 10 ans d’exile, Sadiki retrouve sa famille

(photo par l’auteur)

Ley Uwera

La guerre et les conditions de vie extrêmement difficiles poussent des milliers de familles congolaises à fuir en République démocratique du Congo (RDC).

Sadiki a 7 ans lorsque la guerre déclenchée par les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) touche son village du Nord-Kivu. Nous sommes en 2004. Ce nouveau conflit le contraint à se séparer de sa famille dans la foulée de mouvements de populations. Comme par hasard, sur son chemin il fait la connaissance d’un homme qui deviendra son compagnon de route. Il s’agit d’un militaire de l’armée congolaise qui assurera sa protection, dit-il. Ils font une partie du chemin ensemble.

Arrivé en Ouganda, de l’autre côté de la frontière, Sadiki est repéré par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’agence onusienne lui offre un abri dans un camp de réfugiés à Rwamanja, non loin de la frontière congolaise. Il sera ensuite transféré au Comité international de la Croix Rouge  avant d’être rapatrié en RDC où le CICR organise, en collaboration avec des volontaires, des programmes pour aider les membres des familles séparées à rétablir le contact.

Les nouvelles peu rassurantes

Sadiki sera emmené dans le territoire de Masisi, dans la petite localité de Mihanja, un site de transit de déplacés et réfugiés qui retournent dans leur milieu d’origine.  Une première tentative de réunification a été organisée par  le CICR l’année dernière. Sans succès. Il n’aura pas la chance de retrouver les siens, alors qu’il y croyait fermement.

Sadiki ne perd pas espoir pour autant. Quand nous sommes arrivés sur place, il attendait calmement après cette tentative infructueuse. C’est dans un centre de réinsertion et d’encadrement pour  jeunes désœuvrés que nous avons  rencontré Sadiki. Sous un soleil de plomb, il attendait toujours de revoir sa mère dont il n’avait plus de nouvelles depuis plus de 10 ans.

De loin, nous pouvions voir un véhicule du CICR s’approcher. A bord, il y avait la mère de Sadiki. Elle n’a pas eu de mal à reconnaître son fils qui avait disparu une dizaine d’années auparavant. Emouvantes retrouvailles. Visiblement sous le coup de l’émotion, après de longues années de séparation, Sadiki et sa mère ont passé quelques instants dans le jardin pour échanger et se remémorer de vieux souvenirs.

Le jeune homme devra toutefois attendre la conclusion de toutes les procédures pour retrouver enfin sa grande famille dans le Masisi. Sadiki est l’un des nombreux jeunes à avoir acquis le statut de réfugié après avoir fui les barbaries dans l’est de la République démocratique du Congo. Selon Gaya Valleci, un délégué qui travaille pour le service du CICR chargé de ce qu’on appelle le rétablissement des liens familiaux (RLF), 168 enfants réfugiés non accompagnés originaires de RD Congo ont retrouvé leurs familles ces derniers temps.

Cela fait six mois que Sadiki apprend une panoplie de petits métiers au centre  Don Bosco. Il a d’ores et déjà choisi sa filière : la mécanique.  Il compte ainsi devenir chauffeur de taxi pour joindre les deux bouts dans les jours à venir, sans compter sur une hypothétique aide de tiers.

Par ailleurs, Sadiki est passionné de musique. Il fait du rap avec certains jeunes aux parcours similaires qu’il a rencontrés dans le centre. Aujourd’hui la paix se construit et beaucoup des familles séparées regagnent leurs villages.

Ley Uwera est une journaliste et photographe congolaise basée à Goma en RD Congo.

AIII #20: RECALLING THE POSITIVES OF THE CONGOLESE ARMY

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Recalling the positives of the Congolese Army

Benson Linje 

A lot has been written about the Forces Armées de la République Démocratique du Congo or FARDC, the national army of the Democratic Republic of Congo (DRC). Much of the literature out there is generally negative and paints a bad image of the army as being one of the major sources of insecurity for civilian communities in the troubled DRC, having been linked to sexual abuses of helpless women and girls, criminal acts like extortions, cruelty and general indiscipline. However, the FARDC is what is there as an army for people of DRC and sometimes picking the positives from a myriad of negatives can give hope to the defense sector reform efforts currently underway and encourage the pessimists that all is not lost.

While serving with the first Malawian battalion in DRC under the Force Intervention Brigade (FIB), I worked closely with many FARDC officers in joint planning sessions and in joint operations. I saw and appreciated the conduct and working ethics of FARDC soldiers in combat environment during the campaigns against M23 between October and December 2013 and follow on initial joint operations against the Democratic Forces for the Liberation of Rwanda (FDLR) in the first quarter of 2014.

From my observations, one can easily pick a few positive things to talk about the image-battered national army of DRC. More so, numerous accounts that negatively label FARDC seem to have been written using second-hand information and a blatant lack of appreciation of what men and women of FARDC go through to defend their homeland. This is a bad starting point for efforts to reform the military or the wider security sector as fundamental factors are ignored. More so, some quarters may not take into account the military, political, social and behavioral theories and realities that lead to FARDC to perform the way it does.

The military is the armed will of its society. Politics, for instance affects the military a great deal since at the end of the day most strategic, operational and even tactical activities are politically driven. So, before pointing fingers at FARDC, the chief problem may be somewhere else. Similarly, if something alienates the army from its society, it has to be found and addressed. The military is merely an instrument that attains society’s objectives. Therefore, if society’s objectives are not what the military is tirelessly working to achieve or vice versa, there is need to review the basic state tenets and desires that make up the State itself.

Without digressing from the focus of this article, much as the FARDC has been portrayed as lacking control, cohesion and basic operational capacity in “democratic” and “professional military” eyes, while it is linked to widespread allegations of illicit taxing and serious human rights violations and underhand cooperation with illegal armed groups like FDLR, the national army of DRC demonstrates promising traits which authorities should recognize and build on. This is an army, which is essentially on active service in most parts of the vast and rugged country yet the morale of its ranks is quite good despite many challenges.

Starting with the basic working conditions, which can best be described as “appalling,” the soldiers and officers always demonstrated an offensive spirit and I was impressed by their determination and stamina, which probably exceeds that of numerous other armed forces on the continent. FARDC is a pack of lions commanded by lions, while “other armies have either lion soldiers commanded by donkey officers or vice versa,” as one scholar Olaf Bachmann likes to say. Not many out there can admire the military job if they can be exposed to the plight of the Congolese soldier who takes his family with him to the battlefront and live in squalor. With documented evidence of going for months without pay, he has to fend for his family and children. A regular pay for an FARDC soldier, though little, could go a long way in preventing him from getting involved in extortions and other bad acts.

Secondly, I sensed excellent professionalism within FARDC’s officers. They were easy to work with and knew what they were doing. They were good in their plans, bold, confident and showed little struggle in working within a multinational set-up. They could be seen providing that excellent leadership in the heat of battle and they kept going despite losing soldiers at the height of the battle against M23.

They motivated their men and fought with aggressive patriotism. This was evident from highest ranks to junior officers. General Lucien Bahuma, Colonel Mamadou Ndala and many commanding officers of various units were all sharp and fine officers. They were leaders. The most tragic thing for a reforming FARDC is that some of them are dead. However, there still remains a good number of highly motivated officers within the FARDC. Hopefully such men will have opportunity to emerge and contribute in the transformation of the army.

With the brassage process, I am aware of the possibility of having a rainbow of characters within FARDC. Some could be extremely good and vice versa. The integration process—or was it in reality an amalgamation process?—might have left the military in a weaker, unstructured and unhealthy standing to effectively deal with some security challenges in the past. However, many militaries around the world have had their own ‘brassages’ at different periods in their history and today they are coherent and unified. If voices of pessimists are louder, there will be little progress in building up the FARDC, which everybody can be proud of.

Right now, what needs to be done is to rebuild the army from the base. As many observers have said before, human resource management systems must be developed and implemented, administrative and logistic systems created, new training schools and barracks built. The FARDC does not require unsustainable lifelines offered by MONUSCO and other partners for it to function properly in volatile parts like Eastern DRC.

Realization of long-lasting democracy and rule of law in DRC is linked to fundamental rebuilding and transformation of the national army that needs little panel beating with the help of coordinated donor support and political will. This is an army, which despite the odds can send 850 soldiers for peacekeeping in the Central African Republic, which the DRC borders to the north, and go it alone on FDLR when the UN was dilly-dallying recently. Otherwise, the ones who control the army have a bigger role to play. Once they do everything right and without delay, the FARDC will metamorphose into the disciplined and professional force everybody is longing to see.

 

Benson Linje is the Executive Director for Lilongwe Institute for African Affairs, based in Lilongwe, Malawi. He has served on UN Peacekeeping Missions in Cote d’Ivoire and DRC with Malawi Defence Force contingents, and currently acts as a Researcher & Country Expert (Malawi) on Peacekeeping issues for International Peace Institute (IPI). He can be followed on Twitter @BensonLinje.

AIII #21: REPENSER LA RÉINSERTION DES ANCIENS COMBATTANTS POUR CONSTRUIRE LA PAIX À L’EST DE LA RDC

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Repenser la réinsertion des anciens combattants pour construire la paix à l’Est de la RDC

(photo par l’auteur)

Umbo Salama

Plusieurs organisations ont soutenu le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des anciens combattants. Avec des financements des organismes internationaux ou du gouvernement congolais, ce processus a connu trop des ratés. En Avril 2004, le gouvernement congolais a adopté le PN-DDR (Programme national pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion). Dans ce programme, la CONADER (Commission Nationale de Désarmement et de Réinsertion) a été créée comme institution nationale de la coordination du PN-DDR. Le processus DDR comportait les étapes clés suivantes : la collecte des armes et des munitions auprès de tous les combattants, la démobilisation volontaire des combattants, la sortie obligatoire de tous les enfants associés aux forces et groupes armés, le retour à la vie civile et la réinsertion économique et sociale des démobilisés.

Des milliers de gens, recrutés comme pouvant servir des soldats dans les différentes guerres qui ont secoué la RDC, beaucoup d’entre eux ont été démobilisés à travers la CONADER à partir de 2005 ; d’autres s’étant auto-démobilisés, avaient obtenu des différentes hiérarchies militaires des attestations individuelles des démobilisés. De son côté, le PAREC (Programme œcuménique de paix, transformation des conflits et de réconciliation (PAREC), à travers son programme « une arme contre 50 dollars » a permis de recueillir quelque centaine d’armes au Nord-Kivu,…

L’évolution sociale, laissé pour compte

En dépit de ce qui a été entrepris, la RDC est encore minée par le phénomène des groupes armés résiduels, la circulation des armes, l’insécurité et le cycle de la guerre ne s’est pas arrêté et surtout à l’Est du pays. Des combattants quittent la brousse, reçoivent des kits de démobilisation (vélo, chèvre, kit de menuiserie ou de mécanique, de coiffure,…). Mais nombreux finissaient par reprendre le chemin de la brousse pour s’enrôler dans leurs anciens groupes armés. Pourquoi plusieurs démobilisés regagnent la brousse après l’acquisition des kits de démobilisation ? Cette question a toujours resté sans trop de réponses, pourtant la sortie des ex-combattants de la brousse pour intégrer la vie civile devrait être une des pistes vers la paix à l’Est de la RDC.

Je pense qu’on avait au début mal compris le vrai besoin de ces ex-combattants. Figurez-vous, ils quittent la brousse sans aucune idée d’un bien collectif. Ils ont aussi été habitués à l’acquis dans la facilité. Et donc, donner un vélo, une chèvre à un ex-combattant, il ne comprend pas bien quoi en faire. Il vend. Une fois l’argent terminé, il songe à son ancienne activité. « En fait, le temps d’encadrement était minime. Pour quelqu’un qui était déjà habitué à une vie de facilité, le convaincre qu’une chèvre ou un vélo,… peut aussi assurer sa survie plus que la vie en brousse au sein de groupe armé, n’était pas chose facile. Et surtout qu’il rendre dans une société où ses anciens amis ont leur propres motos, sont devenus des commerçants ou des agents dans des ONG,… Il fallait peut-être songer aux métiers qui peuvent permettre aux ex-combattants d’atteindre le standing de leurs anciens amis. Le voir rouler sur un vélo dans une société où la moto et la voiture constituent le rêve de tous les jeunes ; le voir devenir gardien des chèvres dans une ville où la vie commerciale préoccupe tout le monde, où d’autres sont devenus des cadres dans plusieurs services,… va lui sembler comme de l’humiliation », analyse Marie Lea Kaswera Wasukundi, psychologue et chef des travaux à l’UOR (Université Officielle de Ruwenzori).

Selon les données récoltées par le RHA (Réseau Hakina na Amani), une ONG basée en ITURI, le nombre des miliciens a été mal estimé au départ et il est resté encore plusieurs miliciens en brousse. « Car bien qu’ils aient signé les accords de désarmement, tous les chefs de guerre n’étaient pas acquis à la paix. On n’est donc pas parvenus à réduire la prolifération des armes. Certains groupes armés opérant dans la région sont restés hostiles au processus et se sont soustrait à la démobilisation », constate Wema Kennedy, journaliste basé en ville de Butembo, à l’Est de la RDC. Très peu d’armes ont été ainsi récupérées au cours de cette phase, en moyenne 20%, à en croire le prénommé Jacques, ancien agent de CONADER, qui était basé au camp de transit des démobilisés de Mangango, à 6 Km à l’Ouest de la ville de Beni. Les conditions de sécurité n’étant pas aussi totales, plusieurs ex-combattants qui voulaient désarmer avaient peur de se présenter car ils étaient menacés par leurs amis qui étaient contre le processus. Certains parmi ceux qui s’étaient démobilisés et qui avaient effectivement opté pour la réinsertion effective dans la communauté, n’ont pas aussi résisté. Démunis, ces ex-combattants vivent misérablement et sont prêts à rallier un chef « rebelle » qui solliciterait leurs concours et leur service[1]. Quelques-uns qui garderaient encore des armes, se livrent au vol à mains armées, à la coupure de route, et créent de l’insécurité dans leur contrée respective.

Certains ex-combattants et autres personnes impliquées dans ce programme, interrogés, ont émis des critiques à l’endroit du processus. Parmi les plus saillantes, ils ont retenu que les projets ont connu une faible participation des communautés locales qui n’avaient pas trop de connaissance sur ce programme ; l’éloignement des centres d’orientation décourageant ainsi certains combattants par crainte de traverser des localités qui leur étaient hostiles auparavant ; l’insuffisance, la corruption et le détournement d’une partie de “filet de sécurité” prévue aux ex. combattants ; le non respect d’engagement du Gouvernement congolais en ce qui concerne le financement de projets de réinsertion ;…

La réinsertion des démobilisés n’a pas été donc bien menée. Ainsi, faute d’un appui en réinsertion, plusieurs démobilisés se sont résolus de rejoindre les groupes armés récalcitrants qui sont restés dans le maquis. Dans cette perspective, le journal Syfia Grands-Lacs, dans son 17ème numéro du 27 décembre 2012, avait écrit : « Rébellions, négociations, réintégrations, rébellions : un cercle vicieux ». Le comble est qu’il y a des démobilisés qui ont aussi regagné les FARDC (Forces armées de la République Démocratique du Congo). « Pourtant après la démobilisation on ne devrait pas retourner dans n’importe quelle force armée, y compris les FARDC », fait remarquer un ancien agent de CONADER.

Sortir du cercle vicieux

L’Aspect réinsertion sociale des ex-combattants dans la vie civile doit surtout mettre en place des mécanismes pragmatiques et efficients visant à une meilleure définition, orientation, coordination, surveillance et évaluation des projets ad hoc. Il s’agit notamment de fournir des incitants alléchants pouvant attirer les combattants, via des projets de réinsertion sociale communautaire durables de leur réinsertion à la vie sociale. Il ne s’agit pas de se limiter à leur remettre 100$ en échange des armes mais bien à les impliquer directement via des formations qualifiantes à être des moteurs de la reconstruction de leurs communautés locales en initiant des projets de développement communautaire à utilité sociale et publique, basés sur le développement durable dans leurs zones de vie respectives[2].

Ancien directeur de la Caritas diocésaine à Butembo-Beni (une ONG qui intervient aussi dans la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants), Fabrice Maghulu lui pense qu’il faut leurs donner les possibilités de travailler ensemble, pour l’intérêt de la communauté. « A Caritas, nous avions soutenu un groupe des démobilisés associés. Ils sont à Ngadi (au Nord de la ville de Beni) et croyez-moi, ils ont réussi. En trois ans, ils ont acheté une parcelle, un moulin à huile de palmiste et même une camionnette. Parti d’une association, ils ont créé une micro société qui fonctionne, une preuve que s’ils sont associés, les démobilisés gèrent bien que quand ils sont chacun dans son petit coin. Même le cas de la ferme de Kitebya est très éloquent. Les démobilisés devenus sociétaires ont conscience de l’intérêt commun et agissent conséquemment pour que leur entreprise dure », affirme-t-il. Le témoignage similaire est celui d’Alexi Wasekayo, cordonnateur de l’ONG SOPREDU (qui intervenait aussi dans le programme de réinsertion des ex-combattants). Il soutient qu’on peut même associer à ses démobilisés des jeunes qui n’ont jamais été dans des forces armées, pour une harmonie sociale dans le lieu d’apprentissage et même sur le terrain. A cela il faut ajouter un accompagnement pérenne. « Depuis 2012 nous encadrons des démobilisés associés à d’autres jeunes dans des activités de coiffure, de meunier, de mécanique et menuiserie,… en ville de Butembo et en territoire de Lubero. Aujourd’hui ils s’en sortent bien et nombreux témoignent qu’ils ne songent plus à retourner en brousse », explique-t-il.

Voilà ! Il faut des actions concomitantes : c’est-à-dire démobiliser et traquer les groupes armés si non, la sollicitation des groupes armés font que les démobilisés craquent. « Il va y avoir un nouveau processus de démobilisation, désarment et réinsertion des ex-combattants DDRR et cette fois je pense que le gouvernement va prendre en compte nos remarques : jamais laisser les ex combattants à la merci des prédateurs qui voient en eux une possibilité de relancer la création d’un groupe armé », pense-t-il.

Le schéma est donc simple. On fait appel aux anciens combattants, on les sensibilise à l’idée de quitter la brousse et on les aide à s’associer dans une activité où ils sentent tous qu’ils travaillent comme pour une mutuelle où tout le monde travaille et a les mêmes droits. S’ils travaillent en communauté, comme des associés, dans une même action collective, ils réussissent. Et c’est vraiment capital. Il faut éviter les erreurs du passé qui partent de la sélection des organisations qui doivent exécuter le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants en passant par les projets proposés et les actions à mener. Vous savez, notre pays est plein d’opportunistes. On a vu des gens sans expériences de gestion de projet s’aventurer dans un domaine aussi complexe que la démobilisation. Attention, il faut trouver des experts qui en savent quelque chose.

Donc démobiliser n’est pas une mince affaire. C’est un processus et qui demande donc que le projet soit solide, construit sur un idéal durable dans le temps et même dans l’espace. Il ne suffit pas de donner à quelqu’un un poisson mais faut-il lui apprendre d’abord à pêcher. Or tout le monde n’est pas pêcheur de poisson. Pour apprendre à l’autre, il faut en avoir l’expérience à défaut de l’avoir été.

 

Umbo Salama est journaliste-reporter depuis 2006, il est basé en ville de Butembo, au Nord-Kivu, à l’Est de la RDC. Il est assistant en science de l’information et de la communication à l’ISEAB (Institut Supérieur Emmanuel d’Alzon de Butembo) depuis 2011 et blogueur depuis 2014 (www.groupearcenciel.over-blog.com). Avec le Professeur Jean-Baptiste Paluku Ndavaro, ils ont publié le livre « La Bible et les miracles pour la survie : de l’expérience mercatique au marketing religieux dans les Eglises de Réveil en Afrique », Editions universitaires européennes, 2013, 196 pages. Il mène aussi des recherches en gouvernance, citoyenneté, cohabitation pacifique et sur les initiatives de paix, dans la région des grands-lacs.

 

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[1] Témoignage d’un ex-combattant, recueillis ce Mercredi 8 Avril à Butembo. Cet ex-combattant, après sa démobilisation, sa famille a bon jugé le faire inscrire à l’université. Il lance ces phrases à tout temps qu’il se trouve sans argent de poche.

[2] Lire Jean-Jacques WONDO, La RDC peut s’inspirer des modèles de DDR du Libéria et de l’Angola en vue d’une armée professionnelle, mise en ligne depuis le 17 septembre 2013, sur http://desc-wondo.org/la-rdc-peut-sinspirer-des-modeles-de-ddr-du-liberia-et-de-langola-en-vue-dune-armee-professionnelle-jj-wondo/#sthash.4kQC6bmG.dpuf.

AIII #22: DO THE ARTS HAVE A ROLE TO PLAY IN PEACEBUILDING IN EASTERN CONGO?

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Do the arts have a role to play in peacebuilding in Eastern Congo?

amani festival   huge crowd  and artists from Burundi
(Photo: Flickr/Monusco)

Nadia Fazal

In Goma, the slogan ‘art for peace’ has become mainstream in almost all arts-based activities (music festivals, theatre productions, dance competitions, film projections), including well-attended festivals such as Peace One Day and the Amani Festival. What does this slogan mean, and what truth does it hold? In this article, I will shed light on some unique features of the arts, with the goal of stimulating thought and discussion about how these features may relate to peacebuilding in Eastern Congo. I will not differentiate between specific art forms, but will instead generalize ‘the arts’ as all forms with the common mission of “achieving expressiveness through the ways in which form has been crafted or shaped” (Eisner, 2008, p. 8).

The features that I will highlight below include the role of the arts in: communicating and understanding new perspectives; knowledge-sharing with diverse audiences; relationship-building; holistic healing; and communicating and evoking of solidarity. In this article, I will not elaborate on the links between these features and peacebuilding theories and/or practices, but instead encourage the reader to apply their own thoughts, ideas, experience, and knowledge about peacebuilding in Eastern Congo to these unique features of the arts.

Unique Features of the Arts

Communicating and Understanding New Perspectives: In Eisner’s chapter entitled “Art and Knowledge” in the Handbook of the Arts in Qualitative Research (2008), he questions the traditional positivist assumptions about the arts, by asking: “Are the arts merely ornamental aspects of human production and experience, or do they have a more significant role to play in enlarging human understanding?” (p. 3). In response to this question, he and others argue that the arts can facilitate communication of new perspectives, new understandings, and new ways of seeing the world (Weber, 2008). One example of this type of communication is Banksy’s well-known street art piece ‘Balloon Girl’, painted on the Palestinian side of the Wall that separates Jerusalem and Ramallah, depicting an innocent young girl floating up over the Wall. This example illustrates Eisner’s idea of ‘reading’ in the arts, which can allow for individuals and communities to digest and communicate information differently, and to experience their world in ways that they had not known how to experience previously.

Knowledge-Sharing with Diverse Audiences: Communication through the arts has the ability to transcend language and cultural barriers, and can be more accessible to audiences from a broad range of educational backgrounds, age groups, cultures, geographic regions, and roles in society (Wheeler, 2012). The arts can provoke thought and discussion in a way that traditional knowledge-sharing cannot (Weber, 2008); indeed, some scholars have attested that particularly when the sharing takes place outside of the conventional discipline or sector within which it is typically understood, arts-based knowledge-sharing can be more impactful than academic discourse (Barone, 1995). In Goma, a good example of this are the art-based strategies used by organizations such as ‘Search for Common Ground’, who use film and theatre to stimulate dialogue and communicate specific messages to local community groups across Eastern Congo.

Relationship-building: The arts can facilitate the building of social connections and relationships. Specifically, the act of participating in art-making, working collaboratively with a shared focus, and working together in neutral spaces have been shown to positively impact relationship-building (Barndt, 2008). Cooley (2003) differentiates between the acts of ‘doing’ and ‘viewing’ art, suggesting that both can in fact play an important role in relationship-building. He argues that even when one is not directly involved in art-making, a sense of social connection can be strengthened. In Goma, a controversial example of this are the relationship-building processes that may or may not be facilitated/strengthened by an event like ‘Peace One Day’. This music festival engages attendees as audience members and not as artists, which according to Cooley could still facilitate relationship-building.

Holistic Healing: Engagement in the arts has been shown to have a number of positive effects on mental, physical, social, emotional, and spiritual health (MacNaughton, White, & Stacy, 200). Indeed, art itself has been argued as a determinant of health, and has been recognized to be involved in direct healing via processes such as: visual art therapy, drama therapy, movement therapy, and music therapy (Lander & Graham-Pole, 2008). This perspective of healing through the arts has been applied in programs in Goma such as Healing Arts at HEAL Africa, with the goal of initiating mental, physical, social, and emotional healing for Congolese women through engagement and training in the arts.

Communicating and evoking solidarity: Expression through the arts has an ability to generate solidarity in a way that is distinct from any other form of communication (Weber, 2008). This ability does not relate exclusively to the personal level; indeed, the arts can effectively blur lines between the personal and political. For example, the photograph of Kim Phuc that was taken while she was running naked down the street in order to escape a napalm fire balm during the Vietnam War was able to evoke personal solidarity, while also stimulating international political action. In this case, the audience was prompted to weigh the information presented against their own situation, worldview, and context. Interestingly, the related literature suggests that the more contextual information provided (i.e. information about the social, political, economic and cultural environment), the more effective the arts can be in evoking solidarity (Eisner, 2008)

So, what do these features of the arts have to do with peacebuilding in Eastern Congo? Can we link these features to peacebuilding practice, theory, and education in a context like Goma? What are the factors that influence peace through art in Goma, and how can we positively influence these factors in order to build peace in Eastern Congo? With these ideas in mind, I encourage you to think critically and to engage in further discussion about the ways in which the arts-based culture in Goma can be leveraged to play a positive and concrete role in local peacebuilding.

 

Nadia Fazal is a PhD Candidate in Social and Behavioural Health Sciences and Global Health at the Dalla Lana School of Public Health at the University of Toronto. Her doctoral research is based in Eastern Congo, and explores how/if community resilience expressed through community arts among youth in Goma can serve to promote and sustain positive health and peace. In line with her research interests, Nadia takes a community-based participatory research approach in her work, integrating arts-based methods such as ‘photovoice’ and ‘participatory video’. Nadia is currently based in Goma and is working with ‘Yole!Africa’ to create a short documentary film about the development of the arts sector in Goma since 1996, with the objective of showing the unique role of community arts within the complexities of the urban political, social, economic, and cultural context of Goma.

AIII #25: THE POTENTIAL OF COFFEE IN EASTERN CONGO

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The Potential of Coffee in eastern Congo

Baraka Kasali

 

The global academic and journalistic narrative about Congo has been filled with sexual violence, conflict minerals and an alphabet soup of armed groups identified by a corresponding alphabet soup of acronyms.  Yet the motors of insecurity should not only be interpreted in terms of physical violence and political instability.

Another set of acronyms—ONC (Office National du Café), OCC (Office Congolais du Controle) which supervises exports, DGDA (formerly OFIDA, Customs), OGEFREM (Maritime Freight Bureau), DGRNK, and DGRAD, among others—have played a role in stifling the value of the economic activity of many residents in the eastern region of Congo. These government agencies are active in customs procedures, collecting taxes on imports and exports, with ONC holding jurisdiction in the coffee sector and training of coffee farmers. These elements of the state bureaucracy impact the day-to-day livelihoods and opportunities of rural populations.

The coffee trade in eastern Congo exemplifies the impact of not too little, but too much, state regulation on rural livelihoods. Many middle-aged and young adults have vivid memories attending school and eating regular meals on the basis of their parents’ involvement in coffee farming.  Coffee accounted for over 75% of Congo’s agricultural exports according to the International Finance Corporation with a high percentage of production located in the Kivus and Orientale Province.  Until the early 90’s Congo was a leading African producer of both the Robusta and Arabica coffee varieties, with farmers near the Uganda border earning nearly 70% of f.o.b. prices – the rate paid for commodities before shipping costs.

Rural populations began to achieve real benefits from the coffee trade in 1976, when the liberalization in the coffee sector began to improve production and price efficiencies. Once fully controlled by OZACAF (the predecessor of ONC – Office Zairois de Café), liberalization allowed for the private sector to take over export of coffee and compete for the availability of farmers’ coffee.  With volatility in the global coffee market, the government removed all export taxes in 1989 to encourage the development of the coffee sector, continuing until the late 1990’s.  With the creation of the ‘Third Republic’ and a new government seeking to increase revenue, taxation was re-instituted – taxation in the coffee sector.  Taxes were set at approximately 13% of f.o.b value – in real terms, taxes can reach up to 18% after inofficial taxes are levied.   In comparison with the neighboring Rwanda, Burundi and Uganda, where taxes are all under 5%, Congolese coffee is no longer competitive in global markets.

These tax increases occur alongside a predatory bureaucracy that levies informal fees on traders. Tax increases have coincided with a crackdown on the ports of exit for coffee, with many of the small border posts along the Congo-Uganda frontier no longer authorized for coffee export. Together, increased taxes and a restriction of export posts not only correspond with higher costs for rural producers but also increase the premium on personal relationships held with individual customs’ agents.  This makes it more difficult for smaller-scale coffee producers and traders to profit from the coffee trade directly, and increases the need for them to sell products to larger commercial traders within Congo.  It also does little to build transparency or accountability within the state bureaucracy, or to meet the government’s goal of increasing revenues.  While also victims to the context, larger traders with more substantial relationships with custom agents use these informal structures to develop barriers of entry to new entrepreneurs thus limiting the competition that increases the price paid to farmers.

 

It cannot be understated that the climactic, political and security instability has disincentivized long-term investments by intermediaries as well as coffee producers.  The coffee wilt disease, tracheomychosis, that wiped out coffee crops in the Grand Nord was debilitating. Violence that has been localized and targeted rural areas naturally is a deterrent for farmers to go to their fields.  Women who play an active role in farming are at risk of sexual violence. At best, farmers aren’t taking all the necessary steps needed to produce market quality standards.  At worst they are being displaced from their farms and even killed.  To compound these factors of instability, however the additional taxes and multiplicity of taxing agencies make the cost of coffee production and trading expensive and slow. Taxes are often passed on to farmers limiting their share of f.o.b prices.  The slow pace of customs services limits traders’ ability to manage price-risks.

The tax regime in coffee was reinstated by a young government desperately searching for revenues to govern a vast country.  It was only logical to find revenues in a sector that accounted for 75% of agricultural exports, however, 15 years later, these policies have slowed what was once a thriving economic driver and distributor of revenue to rural communities.  Reforming the alphabet soup of state agencies to reflect the established nature of the government, declining exports and a compromised global reputation of Congolese coffee is an important part of stabilization in the region. Some steps have already been taken, such as the creation of the ‘guichet unique’ to speed up the export process but more must be done to ensure the stability of communities most effect by political instability and conflict.

These dynamics also draw attention to an often overlooked set of contributors of instability that stem not from armed groups or from an ‘absence of the state’ in conflict zones as highlighted in several UN Security reports highlight the near ‘absence of the state.’ These perspectives overlook the daily bureaucratic encounters that result from and compound conflict dynamics—with economic activity stifled in sectors that affect a large portion of the population and render them vulnerable to political and security shocks.  Communities are ill equipped to manage the shock of violent outbursts and develop negative, often revengeful, attitudes towards their aggressors sometimes leading to retaliatory violence or isolation.

Coffee is an example of a livelihood opportunity that is undermined not by conflict directly but by over regulation and manipulation of power to coerce rent from the population. Yet limiting economic opportunity has implications for the region’s stability to manage or even overcome the consequences of conflict.


AMANI ITAKUYA II: CONCLUSION

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Concluding remarks: On the emergence of essayists

Jason Stearns

 

Over the past month, Amani Itakuya has published twenty five essays about the conflict in the Eastern Congo, a majority of which were penned by Congolese. In conclusion, it is worth thinking about the space that these essays have carved out.

Political and social debate in the Congo is still largely carried out verbally––in bars, friends’ houses, churches, and public meetings. In a recent survey carried out by the McCain Institute in North Kivu, 82 percent of respondents said that the radio was their main source of news and information. Newspapers did not even figure on the list. Even in Kinshasa, the one place in the country where print newspapers are read, distribution peaks at several thousand copies.

This culture, however, is slowly changing with the advent of smartphones. Almost half of the households in the Kivus have mobile phones now, and Twitter and Facebook use is growing exponentially. News websites have proliferated, providing some of the best, often controversial, analysis of Congolese current affairs––just look to Congo Independent, Jean-Jacques Wondo, Voix du Congo, Congo Mikili, the Coralie Kienge Show, Afrikarabia, Radio Kivu One, and so on.

This will allow for the emergence of essayists, whose pieces can be read and re-read and who do not have to pass through the filtering of radio stations. Inevitably, because of the demographics of the internet, this debate will probably cater more to the educated and more affluent elites, but should also be less prone to political influence and patronage than the existing radio stations and newspapers.

So this is the stage onto which Amani Itakuya strides––a budding scene of bloggers and journalists, using the internet to showcase their talents, with an assist by foreign researchers.

What about the issues they are discussing? Here, too, this series of essays gives us some insight into what happens when the debate is driven by local voices and researchers with long roots in the region.

Three issues stand out. First, representation. The foreign essayists, in particular, seem troubled by how the Congo is depicted in foreign media. Charlotte Mertens argues against the excessive focus on sexual violence for a more inclusive understanding of conflict and how it affects the lives of Congolese, while Benson Linje pushes back against depictions of the Congolese army as predatory thugs.

Both Rachel Sweet and Stéphanie Perazzone, in very different ways, push the reader to look away from the superficial drama of the conflict, the AK-47s, rape, and killings often reported in the media. Sweet highlights the political nature of conflict, the web of relationships between economic operators, politicians, and armed groups in Beni territory.Conflict is a broader social phenomenon, a way of politics and ordering life. Perazzone, in her excavation of cross-border trade and relationships between Goma and Gisenyi, shows that conflict is but one narrative alongside many others in the region.

The second recurring topic is solutions. How well are we doing at bringing an end to the conflict, now in its 19th year (depending on how one counts…)? By most accounts, not so well. Several of the essayists scrutinize the persistence of armed groups and wonder how to best calibrate sticks and carrots. Luckily––after all, this is supposed to be a debate––they come up with different answers. Umbo Salama argues for a better demobilization program, providing better long-term employment options for former combatants. In contrast, Mahaut de Talhouët writes that it makes more sense to invest in creating a stronger army with more deterrent capacity, rather than trying to further the revolving door of demobilization programs (the third major round of demobilization is currently underway). Meanwhile,Josaphat Musamba argues for a holistic approach, coupling a more accountable and efficient Congolese army with a better demobilization plan and a renewed effort to listen to the grievances of local communities.

A final strand of debate is over responsibility. If it is true that over five million people have died as a result––direct or indirect––of the conflict, then who bears responsibility? Michael Bauma castigates those who eternally find blame elsewhere, either among the Congolese leaders or foreigners. He quotes Thomas Sankara: “The slave who isn’t able to rebel doesn’t deserve our pity.” In contrast, Marta Iñiguez de Heredia reminds us that the Congolese conflict occupies a particular role in world history and politics.  “Global economic patterns have constrained the Congolese economy, state-formation and peasant resistance.” Blaming the kids with AK-47 for the violence while effacing this history requires a willful act of amnesia.

These are but some of the essays in the series. The reader can hope that Amani Itakuya will, over time, become a springboard for discussion among Congolese and foreign researchers, germinating the blogosphere and elevating debate.

 

Jason Stearns is the Director of the Congo Research Group at New York University’s Center on International Cooperation. A former UN Group of Experts coordinator, he also wrote ‘Dancing in the Glory of Monsters’ and led the Rift Valley Institute’s Usalama Project.

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