Journaliste en Danger (JED), une ONG de défense des droits de presse, dresse dans son rapport annuel, un tableau sombre de la situation des professionnels de la presse en RD Congo. Le document signale une détérioration inquiétante des conditions de travail des journalistes à la suite notamment de la guerre qui a repris à l’Est.
L’année 2012 est une année « record » en termes d’atteintes à la liberté de la presse en R.D Congo. C’est le constat effectué par Journalistes en danger(JED), dans son rapport publié ce lundi 10 décembre. Cette ONG congolaise considère que la reprise de la guerre aux Kivu, serait la principale cause de cette escalade.
L’organisation explique avoir « documenté au moins 184 cas d’atteintes diverses au droit d’informer et d’être informé », dont 78 cas de censure et 59 arrestations ou détentions de journalistes. Les 184 cas – contre 160 en 2011 – constituent un « record jamais atteint depuis les premières élections organisées en 2006″.
Les arrestations, menaces et agressions
« Seule note positive, pour la première fois depuis huit ans, aucun cas d’assassinat de journaliste n’a été enregistré en 2012. Par contre, les arrestations, menaces, agressions des journalistes, les censures contre les médias se sont considérablement accrues », explique l’ONG.
« Une année après les élections chaotiques de novembre 2011, et sous prétexte d’une nouvelle guerre qui a éclaté à l’est du pays, les attaques dirigées contre la presse se sont multipliées aussi bien en territoires rebelles que dans les parties du pays sous contrôle du gouvernement », poursuit-elle.
Lors des élections contestées du 28 novembre 2011, le président sortant Joseph Kabila a été réélu et les partis qui le soutiennent ont obtenu plus de 340 sièges à l’Assemblée nationale. Quelques mois plus tard, des mutins ont créé le Mouvement du 23 mars (M23), qui affronte l’armée depuis mai dans l’Est.
« En province, surtout dans l’Est du pays, les autorités politico-administratives ont multiplié les interdictions et les fermetures des médias chaque fois que les émissions diffusées mettaient en cause leur gestion, où que la parole était accordée à des groupes armés », rappelle JED.
Début décembre, l’organe de régulation des médias a brouillé le signal de Radio Okapi, parrainée par l’ONU, parce qu’elle avait refusé de lui donner son cahier des charges. Un responsable de la radio avait indiqué que la coupure était survenue après une interview de Jean-Marie Runiga, le chef politique du M23.
Depuis 2007, une dizaine de journalistes a été tué dans l’est de la RDC, une région très instable en raison de la présence de plusieurs groupes armés.
Crédit photo: fondation Hirondelle